dimanche 16 octobre 2016

dimanche 9 octobre 2016

Mon Rhum Live 2016 - partie 2


Nous avoilà donc à la seconde partie, la seconde journée et la seconde série de dégustations de ce Whisky Live 2016 à Paris.

Elle s'est pour ainsi dire exclusivement passée dans la partie VIP (pas de VIP le lundi donc ouverte à tous). C'est là qu'étaient disponibles les rhums (et autres joyeusetés à haut degré d'alcool) embouteillés pour les 60 ans de la Maison du Whisky ; et il y en avait un paquet. Trop pour pouvoir prendre des notes exhaustives et détaillées pour chacune de ces bouteilles. Je vais donc être très rapide sur certaines et un peu moins sur d'autres. La manière dont j'ai fonctionné ici était plus au coup de cœur et moins à l'analyse.
Aller, on s'y jette (et on s'en jette un petit par la même occasion).

Commençons par cette gamme, qui a fait soulever plus d'un sourcil de curieux : Transcontinental Rum Line. Sur le papier, pas mal du tout : du brut de fût à petit tirage sur des distilleries connues. A noter qu'elle se compose de six rhums mais que le Diamond avait disparu dans d'atroces souffrances la veille.
Nous suivons l'ordre de dégustation conseillé par la personne de l'autre côté du comptoir et débutons donc par le Panama 2010. Et ne passons pas trop de temps dessus, je ne lui ai rien trouvé d'intéressant, si ce n'est peut-être son côté fumé sur la finale. Voilà, voilà...

Second arrêt de cette croisière rhumesque, la Jamaïque, mais une Jamaïque à tendance gourmande (surtout au nez) et par trop typée, avec le Worthy Park 2006. La poire et la banane sont assez impressionnantes au nez. En bouche, il est plus sec que l'on pouvait s'y attendre et l'alcool est assez présent. La finale est à dominante empyreumatique et je lui ai trouvé une touche... fromagère, ben ouais. Pas mal ce rhum.

On part ensuite en Guyane Anglaise et donc dans la région du Demerara, avec cet Uitvlugt 1998. Je n'aurais pas du tout reconnu de quoi il s'agissait à l'aveugle. Empyreumatique et végétale et une finale sur un brûlé assez sympa. Ouais bon, ne casse pas trois pates à un canard.

Et hop, retour en Jamaïque mais cette fois-ci chez Hampden, avec ce millésime 2000. Un nez très lacté et très Hampden. En bouche, lui aussi est végétal et légèrement piquant. La finale est très longue sur des notes grillées en plus des autres arômes. Il se défend, surtout son nez.

Dernier arrêt à la Barbade pour un... Foursquare 2006. Et oui, encore un. Il ne déroge pas à la règle : c'est bon sur les arômes habituels, cependant il m'a donné l'impression d'avoir un alcool un peu trop présent en bouche.

Au final, une série qui ne m'aura pas conquis dans son intégralité.


Deux embouteillages de chez Berry's ensuite avec un Monymusk (Jamaïque) et un Demerara (Guyana), sans plus de précision sur l'alambic utilisé.
Je passe rapidement dessus car ni l'un, ni l'autre ne m'ont emballés. Ils ne sont pas mauvais mais ne proposent rien de nouveau et je ne leur ai pas trouvé une réelle identité.


Un petit passage en Haïti, car même s'il n'y avait pas de nouveau batch de clairin, un nouveau clairin était disponible : un blend des trois (Sajous, Vaval et Casimir), réduit à 45%. Franchement je n'en attendais pas grand-chose étant donné que pour moi chacun de ces "rhums" d'Haïti a sa propre identité, je me suis demandé "pourquoi les gâcher en les mélangeant ?". Eh bien, cela a été une agréable surprise. Nous avons des marqueurs inimitables des clairins et on se prend même à chercher (voire à trouver ^^), l'influence de l'un et de l'autre... Pas mal !


Deux Rum Nation "Small Batch" de Guyana : un Enmore et un Diamond.
Le Enmore ne m'a pas plu avec son manque de chaleur et de gourmandise (typique vieillissement continental, dans ce qu'il n'a pas de meilleur).
Le Diamond, en revanche a deux visages : un nez gourmand sur le caramel, le bois, la réglisse et un léger tabac et une bouche très différente sur des notes fumées. Intéressant.


Petite escapade chez les agricoles pour continuer, avec Neisson, Bally et Bielle.


Neisson, d'abord, avec deux 2007, l'un embouteillé avec la Maison du Whisky et l'autre avec Velier (et une différence de 0.1%). Ils sont bons, mais je n'ai pas eu de coup de cœur, comme par exemple sur le 2004 de l'année dernière. Un tout petit mot quand même ; le LMDW est assez porté sur la noix et m'a fait penser (en moins bien) au Single Cask 2004 japonais. Le Velier est plus expressif mais sans être meilleur. Au suivant.


Et le suivant c'est un rhum qui avait déjà fait couler pas mal d'encre avant d'être dégusté. Un Bally 1998 brut de fût - le premier brut de fût de la maison martiniquaise. Ajoutez à cela que c'est un millésime 1998 - année dite exceptionnelle dans la région - et vous avez un buzz.
Le nez m'a vraiment beaucoup plu, un très beau nez d'agricole sur les épices, le tabac et les fruits à coque. Malheureusement j'ai trouvé la bouche et la finale en dessous avec un peu d'astringence et un boisé trop marqué. Dommage, le début promettait tant...


Le Bielle enfin. Je ne dirais que ceci : j'aurais cru à un Libération à l'aveugle. Et ça, ça veut dire beaucoup et en bien ! :)


Pas le temps de dire "ouf" que l'on repart avec un autre embouteilleur indépendant : Silver Seal.
Là aussi, deux rhums. Un Uitvlugt d'abord. Encore un qui ne m'a pas fait vibrer ; là aussi rien de nouveau ou d'intéressant. Un Hampden ensuite, bien typé, avec son lot de fruits pourris, de touche acide, de tabac et de solvant. Malheureusement, il manque de gourmandise à mon goût, ce qui m'empêche de l'apprécier pleinement.
Ce qui n'est pas le cas du Hampden de chez Habitation Velier (l'officiel, pas celui pour les 60 ans de LMDW, que je n'ai pas goûté), qui est tout simplement une bombe et peut-être même le meilleur jamaïcain que j'ai pu déguster ! Intense, gourmand, extrême, long, complexe... Une tuerie.


Une des dernières étapes se passe à la Réunion, avec la distillerie Savanna et deux nouveautés, les deux ayant subi une très longue fermentation puisqu'il s'agit de rhums grand arôme.
Le blanc est un grand arôme brut de fût à 57% dans la série des Lontan. Comme on peut s'y attendre le nez est extrêmement expressif sur des arômes de pomme, de caramel brûlé et un côté épicé/médicinal. Pas vraiment gourmand mais très intéressant de par son intensité. Cette gourmandise va venir ensuite en bouche de manière très agréable.
La "vraie" nouveauté est le vieux, qui est le premier de la série HERR (High Ester Rum Reunion), un brut de fût, qui a été conçu de manière à être le plus "extravagant" possible. Je ne me suis pas encore renseigné sur les détails de production, mais de ce que j'en sais, c'est une sorte de "très grand arôme" (terme qu'il va falloir que je pense à déposer :p).
Ce truc est juste un ovni ! Des arômes hyper intenses et pour ainsi dire jamais rencontrés, de cette manière, auparavant. Ce qui m'a le plus frappé, c'est la fraise et la cerise, qui ne m'avaient jamais sautées au nez de cette manière. Il y a beaucoup d'autres choses là-dedans et le résultat est unique et la longueur hors du commun (mieux vaut finir une dégustation par cette chose ^^). Il n'a pas fait l'unanimité mais n'a laissé personne indifférent. Personnellement ce n'est pas mon truc.


Pour finir (ou presque), allons en Thaïlande avec le rhum blanc pur jus que vous connaissez déjà, le Chalong Bay. Je l'aime bien ce rhum Thaï, très jus de canne mais avec beaucoup de douceur. Il y a de la nouveauté chez eux aussi avec trois rhums infusés. Cette infusion se fait lors de la distillation avec les vapeurs des herbes et épices (locales) en question. J'ai fait l'impasse sur la cannelle (je n'aime pas ça) mais ai goûté le basilic thaï et la citronnelle, deux herbes aromatiques que j'aime beaucoup.
Le citronnelle est très marqué par cette herbe, voire trop. Elle domine clairement le rhum. Le goût est cependant bien franc et pas déplaisant, sans doute plus pour cocktails selon moi.
Celui au basilic thaï en revanche est super bien mesuré et offre la fraîcheur et le goût anisé de cette herbe sans masquer le rhum, que ce soit au nez ou en bouche ; la finale est même dominée par le rhum. Une curiosité réussie selon moi.


C'est en fini des rhums mais je ne pouvais fermer ce nouveau chapitre Whisky Live sans vous parler d'un whisky qui m'a marqué, et je n'étais pas le seul, loin de là !
La dernière destination sera donc le Japon avec la maison Nikka. Plus précisément un Single cask Coffey Grain brut de fût de 1995. C'est bien simple, tous les gens qui y ont goûté (et il y avait de sacrés palais) ont cru qu'il s'agissait d'un rhum. Mais attention un rhum qui serait dominé par une noix de coco super gourmande et complétée par un boisé léger et des notes discrètes de tabac (ça peut faire penser à des rhums de Belize voire de la Barbade). Cette noix de coco a conquis tous les dégustateurs. Une très belle découverte !



Cette fois-ci s'en est fini, j'espère que vous aurez apprécié le voyage en ma compagnie :)



Retrouvez la première partie ici-même.

dimanche 2 octobre 2016

Mon Rhum Live 2016 - partie 1




Les dates du Whisky Live à Paris cette année ne sont pas bien tombées ; j'avais un week-end avec des amis en Bourgogne, week-end qui a été loin d'être de tout repos.
Du coup, je fais une croix sur le samedi et pense y passer environ deux heures le dimanche, avant de pouvoir y passer plus de temps le lundi.
Ça, c'est mon plan. Pas franchement étoffé comme plan mais c'est tout ce que j'ai.

C'est dans un triste état de fatigue très avancée, que j'arrive donc dimanche à la Cité de la Mode et du Design dans le 13ème arrondissement de Paris, là où tout va se passer.
Je retrouve mon camarade de crime à l'intérieur et direction l'espace rhums, qui fait plus ou moins la même taille que l'année passée et on y retrouve les mêmes acteurs.
Je n'ai qu'un billet découverte, donc pas d'espace VIP ou de bar collector pour moi cette année (je me suis rattrapé le lundi, rassurez-vous, puisque l'espace réservé aux acheteurs de billets à plus de 100€ sur le w-e, est ouvert à tout le monde lors de la journée réservée aux professionnels).

Et là comme d'hab, on se pose la question : "On commence par quoi ?". Bien qu'il soit tentant de tester les nouveaux Caronis de Velier, cela ne semble pas être le plus avisé d'un point de vue survie des papilles.
On ml'a donne, que je ne sais pas quoi faire avec :x
Et c'est là qu'on tombe sur un rhum inconnu au bataillon, à consonance hispanique. Bon, ça n'augure pas grand-chose de bon, vous connaissez mes goûts, mais ça se tente. Ah ben non en fait, ça ne se tente pas vraiment, ce rhum cubain, qui répond au nom de Pacto Navio, ne présente à peu près aucun intérêt. Voilà vraisemblablement un rhum de plus distillé à très haut degré d'alcool auquel des arômes ont été rajoutés.
Bref, comment bien commencer mon expérience Whisky Live...

Je me dirige ensuite vers le stand Plantation, afin de rester sur des bouteilles à faible degré d'alcool. Mais voilà, c'était sans compter sur une nouveauté de la maison Ferrand : la gamme Extrême. Il s'agit en fait de single casks brut de fûts. Ma première réaction a été : "Voilà une bonne chose que Plantation se mette à faire ça en plus de leur gamme habituelle."
Cela s'est-il vérifié à la dégustation ? Eh bien plutôt, je dois dire. Ils n'ont pour l'instant que deux références (pas encore commercialisées) : un Barbade et un Sainte Lucie.
Le premier est un Foursquare, et comme tous les autres Foursquare brut de fûts de que j'ai pu goûter, c'est bon. Ils se ressemblent sensiblement les uns les autres et sont donc tous agréables, sans être révolutionnaires. Nous avons donc de la vanille, de la coco, du tabac, du bois et un côté grillé ; ça fonctionne bien.

Le Sainte Lucie est lui plus atypique et je n'aurais jamais pensé à cette île à l'aveugle. Le nez est sur des notes empyreumatiques à tendance fumée. La bouche, sèche, reste sur cette même impression mais une certaine gourmandise apparait sur la finale où la vanille vient troubler son profil assez monolithique. Intéressant car atypique mais ce n'est pas trop mon truc, je trouve qu'il lui manque quelque chose.

Après une intéressante conversation avec Alexandre Gabriel sur la transparence dans les spiritueux, nos pas nous mènent vers nos Antilles Françaises.


Ici version verte : brut de colonne 
C'est en Martinique que nous nous arrêtons, chez Neisson, petite distillerie dont il n'est plus nécessaire de faire l'éloge (Même si ce n'est pas si simple ; pour moi les blancs et les très (très) vieux et/ou les millésimes valent le coup, mais leur gamme de vieux "basique" je n'accroche pas du tout).

Nouveauté cette année, le premier blanc agricole bio ! Il n'y a pour l'instant que très peu de bouteilles, étant donné que les parcelles ayant reçues le label bio sont encore bien petites. Ils ont la volonté d'augmenter la surface dédiée à la culture de canne bio mais cela demande beaucoup de temps et pas mal d'argent.
Bref, ce tout nouveau rhum blanc est pour l'instant disponible en deux versions, à 66% et à 55%.
Seule la version brut de colonne étant disponible, nous demander à la goûter.
Quel nez ! La canne dans toute sa richesse. Des arômes terreux, légèrement huileux, végétaux et une légère acidité viennent complimenter cette canne fraîche. Vraiment magnifique. A noter que mon frère lui a trouvé un franc côté "légume vert bouilli", du genre épinard (non il n'était pas bourré, en tout cas pas encore :p).
Malheureusement, la suite de la dégustation n'est pas au niveau (il faut dire qu'il n'est pas aisé de rester aussi haut). L'alcool est incroyablement bien intégré mais ce rhum se fait moins expressif en bouche et sur la finale, qui n'en est pas moins très longue.

J'ai alors eu comme une soudaine envie d'aller déguster l'Intense de Karukera (le stand étant tout proche), afin de comparer ces deux rhums blancs pur jus. Eh bien là où le nez est clairement un cran en dessous, la bouche est en revanche plus explosive. Il est aussi un peu plus simple que le Neisson.
Conclusion : oui ce sont deux grands rhums blancs mais aucun des deux n'est parfait et vous devrez y goûter pour trouver votre préféré.

Comme nous étions sur le stand Karukera, il était tout naturel de déguster leurs deux nouveautés : un millésime 2008 et un 2009.
Ce 2008 a connu un double vieillissement, d'abord dans des fûts neufs, de manière assez courte (je ne saurais dire combien de temps exactement), ce qui va apporter des tannins. C'est ensuite qu'il sera mis en fût de Cognac pour la plus grande partie de son vieillissement.
Au nez, il est délicat sur l'amande et la réglisse. En bouche la texture est veloutée et il est assez fin ; on y trouve à nouveau de la réglisse mais aussi du sucre roux. La finale est longue et apporte un côté torréfié et fumé. Pas mal ce rhum ma foi.

Du nouveau chez Karukera
Le 2009 (Select Casks) est un assemblage de 13 fûts (tous ayant contenu du cognac au préalable). A noté qu'il sera disponible à 45% alors que la bouteille présentée au salon était, elle, à 55%.
Au nez, nous avons bien un rhum pur jus, sur les fruits à coque, les épices douces, le noyau de cerise et le bois. Il est bien équilibré même si l'alcool se sent. En bouche malheureusement, je l'ai trouvé trop sur l'alcool justement, alors que la finale est longue et dominée par le bois.
Moi qui suit normalement nettement en faveur des versions brut de fût, j'ai été intéressé de voir que ce rhum gagnerait sans doute à être réduit à 45%.


Voilà les belles !
Et c'est alors que, la journée approchant de la fin, nous sommes allés voir Velier et ces nouveaux caronis dont tout le monde parle.
Le "ciao" obligatoire à Daniele et c'est parti.
La version réduite à 57.18% pour commencer - à noter que ce degré d'alcool correspond au degré traditionnel des navy rums qui étaient emportés sur les bateaux de la marine britannique, en deçà duquel la poudre à canon qui en aurait été imbibée n'aurait plus été inflammable.
Un nez très gourmand qui offre des arômes de vanille, de fruits à coque (noix et amande), ainsi que du caramel et une discrète, très discrète empreinte caroni.
Et là je me retrouve comme un benêt puisque je n'ai pas écrit de commentaire sur le bouche dans mes notes :x Mais on va faire comme si de rien n'était et continuer.
La finale, elle, est un tantinet plus caroni mais toujours gourmande avec ses notes de vanille et de sucre roux.

La version full proof - à 70.1% tout de même - sera le prochain rhum sur la liste et le dernier pour cette journée.
On y retrouve la même gourmandise au nez, mais elle est ici encore exacerbée : une pâte à gâteau à la vanille et aux éclats de fruits à coque... Un régal pour les narines (à condition de ne pas enfourner le nez dans le verre). Ce que l'on a en plus du réduit, ce sont de discrètes notes torréfiées et de tabac. Très très agréable et délectable.
La bouche se fait plus Caroni que le nez ou que la bouche de la version à 57% (d'après ce que j'ai écrit, mais comme je n'ai rien écrit pour la bouche de ce dernier il ne me reste plus qu'à me faire auto-confiance, on n'est pas dans la panade... ^^).
La finale, est bien entendu interminable et associe typicité caronienne et gourmandise avec surtout la vanille, qui contrairement à d'autres caronis, est ici loin d'être écœurante.


C'est là que je m'arrête pour cette première partie. Restera tous les rhums des 60 ans de la Maison du Whisky plus quelques autres. Et ça en fait un paquet...