jeudi 9 juillet 2015

Mon Rhum Fest 2015 - partie 4 (oui c'est la dernière !)



Continuons sur nos purs jus français. Je suis allé faire un tour chez différentes distilleries dont je connais la plupart des produits, mais concernant lesquels je voulais me rafraîchir la mémoire ou bien déguster une bouteille encore méconnue (de moi).


Je cherchais une rime en "az" mais c'était trop naze...

Depaz pour commencer, où j'ai dégusté trois des quatre références représentées. Bon, j'aime tout :)
Le blanc est très sec et puissant, et bien sûr la canne. Il est bon mais il manque peut-être d'un petit quelque chose qui le distinguerait d'autres blanc agricoles.
L'élevé sous bois a été une jolie découverte. Je dois avouer ne pas boire d'ambrés/paille, élevés sous bois, mais l'idée d'un rhum à mi chemin entre un blanc et un vieux m'intéresse et celui-ci a bien les caractéristiques des deux univers, pas mal.
J'ai fait l'impasse sur le VSOP que je connais bien et suis passé au XO (que je connais bien aussi mais c'était pas gourmandise). Toujours aussi bien... Je comprends pourquoi c'est ce rhum qui m'a fait sauter le pas vers les agricoles et je suis bien content d'avoir une bouteille en réserve !

Karukera ensuite, où j'ai redécouvert leur blanc, 100% canne bleue, pur jus très sympa où l'attaque dissimule le côté sec de ce rhum. Je suis ensuite passé à la Cuvée Christophe Colomb, haut de gamme - hors millésime - de la marque, que je n'avais encore jamais eu l'occasion de goûter. Je l'ai trouvé très sec et épicé, super agréable. Le bois et le côté sec marqueront la finale, qui aurait pu être un peu plus longue. Une belle découverte.

Elle ne correspond pas au texte, je sais :P
Neisson, qui avait son stand juste à côté de Karukera, n'allait pas s'en tirer comme ça ! J'ai eu envie de me refaire une opinion sur leur fameux blanc à 52.5%. J'en avais une bonne impression mais je l'ai redécouvert malgré tout, encore meilleur que dans mon souvenir. Encore un autre blanc pour mon armoire à merveilles ? Pas impossible ;)
On reste en Martinique, avec Trois Rivières et leur "nouvelle" gamme, que j'avais eu l'occasion de goûter à la rentrée dernière sur le salon Dugas Club Expert (je vous en parlais dans cet article).
Cependant, deux références étaient disponibles au Rhum Fest, que je n'avais pas pu goûter au salon Dugas : le Cuvée Princesse (j'ai un échantillon à la maison et je n'aime pas - je le dégusterai à nouveau en le laissant reposer bien plus longtemps dans le verre pour voir si cela change quelque chose) et leur 12 ans, encore jamais testé. En deux mots, le nez est extrêmement plaisant mais la bouche est trop boisée à mon goût. Cela ne lui enlève pas ses qualités et c'est un très bon produit qui plaira beaucoup à certains.
Saint James enfin, qui fête cette année ses 250 ans d'existence !
Avant tout je dois dire que j'aime bien cette marque, qui souffre à mon avis d'une image médiocre du grand public alors que certains de leurs produits sont vraiment très bons. Comme le Fleur de Canne, par exemple, blanc premium de la marque, qui se distingue par des arômes poivrés et des notes d'agrumes (encore un autre blanc sur mes étagères à l'avenir ? Oui peut-être bien :p). Après avoir précisément bu quelques centilitres de ce dernier, je voulais passer au Cuvée Excellence et surtout au millésime 1999, dont on m'avait dit le plus grand bien quelques jours auparavant. Oui, eh bien, non. Je n'ai même pas pu les goûter. En effet, peu de temps après mon arrivée sur le stand, alors que je prenais mon temps pour redécouvrir ce blanc, un groupe de commerciaux en costumes s'est présenté et la personne de l'autre côté de la table m'a totalement oublié... Je me suis pourtant montré patient, ai essayé d'attirer l'attention du maître des bouteilles, mais non, rien n'y a fait, aussi après de longues minutes, je suis parti ailleurs. Mais ça m'a drôlement énervé ! Bref, tant pis pour moi et tant pis pour lui !


Rapide passage chez Issan pour saluer et féliciter les créateurs de ce rhum. J'ai eu la bonne surprise de voir que suite à mon article les concernant, ils m'avaient mis de côté un citron vert afin que je puisse essayer leur rhum avec un zeste ! Très délicate attention, merci beaucoup :D


Des bouteilles très reconnaissables
Mes pas me mènent ensuite vers le stand Mezan, autre embouteilleur indépendant.
On commence par le commencement, à savoir leur Jamaica XO, leur entrée de gamme, mais déjà bien typé Jamaïque. Une bonne manière de découvrir cette île de rhums.
On continue par leur Jamaica 2005 (de chez Worthy Park). Le nez est plus doux, plus gourmand et plus boisé, avec un déficit d'arômes jamaïcains. Qu'à cela ne tienne, on les retrouve en bouche avec en prime d'agréables notes brûlées.
La Guyane Anglaise ensuite avec deux expressions bien différentes l'une de l'autre. Le Guyana 2005 (Port Mourant), avec un nez épicé et iodé et une bouche boisée et grillée. Puis le Guyana 2003 (Versailles) dont le nez est plus végétal avec des touches d'amande et une bouche moins expressive mais là aussi une finale sur le brûlé.
Il est intéressant de noter à ce moment que j'ai trouvé à ces quatre rhums des notes empyreumatiques appréciables certes mais qui n'aident pas forcément à bien différencier une bouteille de l'autre.
Un Don José 2006, du Panama pour continuer ; un rhum plus dans la tradition espagnole et donc plus gourmand et avec des arômes de caramel. Moins mon truc.
Et pour finir, me voilà sur un Caroni 1996. Au nez, les arômes habituels de Caroni se font discrets et un côté mentholé fait son apparence. En bouche cependant, aucun doute, on est bien sur cette fameuse distillerie disparue de Trinidad. Des notes florales viennent compléter ce profil. Pas mal dans l'ensemble même si je lui aurais préféré quelques degrés de plus.


Le nouveau design des Ti Arrangés de Ced'
Pour terminer mes dégustations et ce récit : direction les rhums arrangés de Ced !
Il y a de fortes chances que vous connaissiez déjà les Ti arrangés de Ced, vous avez d'ailleurs pu en entendre parler sur ce blog, ici-même, lorsque je vous ai présenté son Point G (oui je sais ça fait bizarre de lire ça comme ça :p).
Cette fois-ci, j'ai pu (re)déguster deux classiques de sa gamme et essayer une nouveauté.
Le Mangue-Passion d'abord ; la mangue est présente mais plus comme une base, un arrière-plan, alors que la passion, plus volatile, apporte fraîcheur et vivacité. C'est bon :)
Pomme-Gingembre ensuite. Là aussi belle association et bons dosages, on débute sur la gourmandise d'une pomme caramélisée pour transitionner (oui je viens d'inventer ce mot) vers le gingembre qui vient donner un petit coup de peps et rend la finale très longue.
Une bien belle bouteille :)
La nouveauté de chez Cédric que je voulais tester était son Ti-Punch. Vous l'aurez compris, j'aime le ti-punch, j'adore le ti-punch, je vénère le ti-punch ! J'étais donc très curieux de voir ce qu'une préparation en bouteille pouvait donner et un peu inquiet des dosages (beaucoup de ti-punchs que l'on peut boire dans des bars ou en soirée sont, à mon avis, trop sucrés/citronnés). Inquiétude infondée puisque la volonté de Cédric était justement d'avoir une boisson "sous-dosée" pouvant être rectifiée aux goûts chacun ; pas trop de sucre, pas trop de citron vert (pour moi ça va ;)). Il faut ajouter à cela que le rhum utilisé est vieilli quelques mois, ce qui lui amène un petit quelque chose en plus (et là j'espère ne pas dire de bêtise). Bref, il faut croire que tout ce que touche ce monsieur est une réussite.
En parlant de réussite, revenons à son Point G. Seulement un peu plus de 200 bouteilles avaient été produites l'année dernière et elles ont disparues en quelques semaines, laissant sur leur faim de nombreux amateurs. Eh bien, réjouissez-vous, car une nouvelle fournée est en préparation ! J'en connais un qui va s'en reprendre une (au moins ! :D).


Ouf ! S'en est terminé de cet interminable compte-rendu de mon aventure Rhum Fest 2015 (et encore j'ai fait l'impasse sur une petite partie de mes notes, ça en faisait juste trop ^^).
J'espère ne pas vous avoir assommé avec toutes ces notes de dégustation. Autant en les vivant et en prenant des notes cela ne m'a pas paru trop long, autant à l'écriture de ces lignes...
J'en ai parlé un peu sur le premier article de la série, mais je veux encore dire un mot sur l'organisation de l'événement, qui dans l'ensemble était tout simplement, au top. Je n'ose même pas imaginer le casse-tête et les (trop) nombreuses journées de travail qu'un tel salon doit représenter...


Et donc : merci infiniment Anne et Cyrille pour cette dernière édition et rendez-vous l'année prochaine !

dimanche 5 juillet 2015

Mon Rhum Fest 2015 - partie 3



Que de choses de goûtées lors de ce Rhum Fest !


Je reprends mon cahier d'écolier et je vois qu'il me rente encore pas mal de choses dont je dois vous parler.
Ce qui est "rigolo" c'est qu'en parlant avec un confrère, je lui demande son top 5 de cette édition 2015, et 3 des 5 rhums qu'il me sort n'ont même pas trouvé le chemin de mon verre... Soit je ne les ai tout simplement pas vus, soit je n'ai pas eu le temps de m'y pencher. Bon en même temps, ça en fait encore pas mal à découvrir et ça c'est bien :)


Les entrées de gamme et les deux premiers jamaïcains
Hop, on se remet en route, et nous voilà au stand de la Compagnie des Indes.
Avant tout, j'aime bien cette marque. Je m'explique : voilà un embouteilleur indépendant français, qui sélectionne ses rhums partout dans le monde, qui fait de petites quantités dont des bruts de fûts. Ce qui ne gâte rien : le (jeune) patron est très sympa et ne se prend pas la tête.
Et leurs rhums alors ? Eh bien, leur gamme s'étoffe assez rapidement et offre donc une diversité qui permettra à chaque amateur d'y trouver son bonheur.

Lors du salon, j'ai pu en déguster huit, ouais quand même, ça bosse dur !
Voilà mes impressions du moment.

Le blend Caraïbes tout d'abord. C'est un de leurs deux rhums d'entrée de gamme, le plus sec des deux. En effet le budget est limité, malheureusement, je trouve que ses qualités aussi. Attention rien de mauvais ou d’écœurant, juste rien qui m'ai convaincu. Passons à autre chose, il en reste sept !
Et de 6 avec les deux jamaïcains suivants
Jamaïque 7 ans ; vous connaissez mon faible pour les rhums de cette île et leur typicité, voyons voir celui-ci. Ouhla ! Voilà un nez original, sur le gin et la chartreuse ! Pas du tout dans cette typicité jamaïcaine que j'affectionne, mais qu'à cela ne tienne, c'est très sympa. La bouche reste sur la même veine, même si là, le bois apparaît ainsi que les marqueurs jamaïcains en arrière-plan.
J’enchaîne sur la version brut de fût. Quoi de neuf ? Une intensité augmentée, des arômes végétaux encore plus présents et une longueur multipliée. Une belle découverte !
Le Fiji ensuite. Là aussi je passe rapidement, je n'ai pas écrit grand-chose sur mon cahier d'écolier, c'est qu'il ne m'a pas marqué.
La Compagnie des Indes nous propose également un rhum en provenance d'Indonésie (berceau de la canne à sucre et de l'arrak, ancêtre du rhum). C'est la première fois que j'ai eu l'occasion de déguster un rhum de cette origine ; on n'en sait pas plus sur cette origine justement, car la distillerie est gardée secrète - aucune idée de pourquoi. Et alors il donne quoi ce rhum ? Eh bien il donne quelque chose d'original, au nez, des épices (jasmin surtout), de la fraise et un côté lacté, comme on peut avoir sur certains jamaïcains mais en moins prononcé. En bouche on retrouve certains de ces éléments et l'on a sur la finale un côté fût brûlé assez sympa. Original et pas dénué d'intérêt ce rhum indonésien :)
Et de 10 ! 
Destination Cuba pour leur prochaine référence. Je ne suis pas spécialiste des rhums cubains, mais celui-ci, gustativement, pour moi ne vient pas de là. Je ne dis pas qu'il y a tromperie sur la marchandise hein, non simplement que quand je découvre un rhum qui vient de Cuba je ne m'attends pas à ça : un rhum porté sur les épices et avec des notes empyreumatiques, bref un rhum que j'aime bien :D
La Barbade ensuite ; un nez orange, bois et genièvre, pas franchement typé Barbade. Cependant en bouche, on retrouve plus cette typicité Barbade, entre autre avec un boisé plus prononcé. Une bonne expression de cette île.
On termine, par un retour en Jamaïque avec leur Navy Strenght. C'est un blend de rhums provenant de quatre distilleries de l'île. Au nez, pas de doute, nous sommes bien sur un jamaïcain, ça fait plaisir. Le degré d'alcool apporte puissance et longueur. La finale là aussi se décline sur des arômes brûlés/grillés. Il m'a bien plu.



Le rhum de Paris
Un stand qu'il ne fallait pas manquer, de par la diversité, l'originalité et la nouveauté des rhums proposés était "Les rhums de demain" (je crois :p).

Il y avait par exemple deux rhums de la distillerie californienne "The Lost Spirits", que je connaissais déjà grâce à Helena (thanks again!), qui a eu la gentillesse de m'en envoyer des échantillons il y a quelques mois de cela.
Si on reste aux USA, était également en dégustation le Koloa de Hawaï -provenance qui fait rêver - qui est élaboré à base de pur jus de canne ; pas mal tout ça. Bon ben en fait, non... Pas grand-chose au nez, pas grand-chose en bouche... tant pis.

La France n'était pas en reste avec la distillerie de Paris, Ferroni (les rhums de Marseille) et la Cuvée n°3 de la Confrérie du rhum.
Alors cette distillerie de Paris ? Projet ambitieux de la maison Julhès (pour ceux qui ne connaîtraient pas, je vous invite à lire cet article-ci), qui consiste à distiller différents alcools à Paris même, après que cette activité ait disparu il y a de très nombreuses années. Eh bien, ça y est l'alambic est en fonctionnement et produit, entre autre, du rhum. Ce rhum est élaboré à partir de sucre transformé de Galabé (de la Réunion donc).
C'est un rhum atypique, avec un nez très citronné et un peu sur le gin. En bouche, ça change complètement puisque l'on a quelque chose de plus "lourd", avec des arômes de cacao et de fleur. Il faudra que j'y trempe à nouveau mes lèvres !

Trois des références les plus intéressantes de la gamme
Direction la cité phocéenne maintenant avec un nouvel embouteilleur indépendant français : Ferroni. Ils proposent une gamme très variée, avec un blanc pur jus de l'Île Maurice, qui est pour moi une réussite. Un rhum de dégustation, qui devrait également pouvoir être utilisé pour la confection de ti-punchs de qualité :)
Ils ont également à leur catalogue un rhum en provenance de Belize (et donc de la distillerie Travellers). Là je ne vais pas être impartial, j'ai aimé tous les rhums que j'ai pu déguster en provenance de cette distillerie ; celui-là ne déroge pas à la règle, j'adore son boisé et ses notes de coco.
Leur gamme est étoffée par deux produits à base de rhum : le Honey Rhum, pour les plus nuls en anglais, un rhum aromatisé au miel et le Merveilleux Falernum, élément qui rentre dans la composition de cocktails et qui à mon avis, peut même se boire comme ça, tant les épices sont bien dosées.
Leur créneau haut de gamme est rempli par un guadeloupéen de 1998 (vraisemblablement un Damoiseau comme tous les rhums de Guadeloupe de 1998 sortis chez des embouteilleurs indépendants). Vous savez que je ne suis pas un grand fan de cette "série" de rhums et je n'ai même pas goûté celui-là ; je devrai avoir l'occasion de le déguster d'ici peu de temps, je verrai si mon avis change :)
Guadeloupe 1
Et j'ai gardé, ce qui selon moi est, le meilleur pour la fin : le Rosé Rhum Blend. Comme son nom l'indique c'est un blend, les rhums le composant provenant de Guyane Anglaise, de l'Île Maurice et de Trinidad. L'ensemble est vieilli en fût de Cognac puis affiné en fût de vin doux naturel (Rasteau pour être précis). Au nez il donne cette étrange impression d'être gourmand sans être sucré, ce qui est confirmé en bouche, il est sec et boisé mais tout est bien dosé, même l'alcool est en bonne proportion. Il s'agit d'un rhum d'un très bon rapport qualité/prix, puisqu'il devrait être trouvable pour une quarantaine d'euros.
La Confrérie du Rhum est un groupe Facebook rassemblant des amateurs d'alcool de canne de toute la France (et même du monde) dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises. Les admins de ce groupe ont depuis peu lancé des cuvées de rhum estampillées Confrérie de Rhum.
La troisième était en dégustation en avant-première au Rhum Fest, et cette fois, c'est un rhum blanc ! Et agricole s'il vous plait !
Guadeloupe 2
C'est la distillerie Longueteau qui a bien voulu participer. Elle m'a laissé une très bonne impression avec un nez sur la canne et une impression vive, sèche et "droite". L'attaque, elle, est plus douce tout en restant fraîche. La finale est assez longue, ce qui ne gâte rien. Bref, en voilà une qui rejoindra mes rayonnages personnels ;)

Restons un instant en Guadeloupe chez Longueteau, qui proposait sur le salon (et d'ici la fin d'année chez les cavistes) leur Canne Rouge, rhum élaboré à partir d'une unique variété de canne : la canne rouge (bravo ceux qui suivent, les autres vous sortez !). Afin d'en apprécier la singularité, j'ai commencé par goûter leur blanc "générique" à 55°, qui est déjà un bon agricole et qui doit, là aussi, être parfait pour la réalisation de ti-punchs.
Eh bien, il y a une différence indéniable avec le Canne Rouge, qui est plus floral et plus fruité. Il m'a laissé une très bonne impression ! Aussi ne serait-il pas étonnant que je me retrouve avec deux blancs de chez Longueteau sur mes étagères assez rapidement (enfin d'ici à ce qu'elle sorte quoi ;)).