mercredi 30 décembre 2015

Les goûts et les couleuvres


Un article un peu particulier pour vous aujourd'hui.

A la recherche d'informations pertinentes sur la bouteille.
Un article qui n'aurait sans doute pas vu le jour sans les nombreux débats qui ont animé la communauté du rhum ces derniers temps. Les détracteurs et les défenseurs s'en donnant à cœur joie. La passion a été au centre de ces échanges parfois... "animés".

Et je dois vous avouer ne pas savoir par quel bout aborder le sujet alors que je commence à écrire ces lignes.
L'objet de ce débat est la marque Don Papa.

Plusieurs articles, meilleurs que celui que je suis en train d'écrire, existent déjà sur le sujet :
- celui de Cyril "Durhum", que l'on ne présente plus, par-là
- la note de dégustation de Henrik "Rum Corner", en anglais dans le texte, : ici-même

Quand je dis ne pas savoir par où commencer c'est surtout parce que plein de critiques ont été formulées à l'encontre de cette boisson (j'évite le mot "rhum" à dessin). Je vais commencer par parler des deux principales.

Justement pour débuter :
"Ce n'est pas du rhum"
Souvent formulé par "C'est du sirop contre la toux". Il est vrai que gustativement on est assez loin d'un rhum et plus proche d'un liqueur d'orange à la vanille par exemple.
Cet alcool a le mot "rum" écrit sur la bouteille, est-ce justifié ? Dur à dire... La législation sur le rhum est large et énormément de produits très différents peuvent s'appeler ainsi. On pourrait s'arrêter là et donc ne pas penser plus loin ; je comprends que certains le fassent. Mais il me semble judicieux de se demander qu'est-ce qui fait d'un rhum... un rhum. Peut-on y ajouter tout ce qu'on veut sans en changer la nature même ? Peut-on en altérer le goût à l'extrême et toujours apposer le nom rhum sur la bouteille ?
Bien sûr il n'est pas facile de savoir ce qui est ajouté quand il n'y a aucune obligation de l'indiquer sur l'étiquette.
Et c'est là une autre critique dirigée contre le Don Papa.


Plus d'info intéressantes ici ? Non.
"Il n'y a aucune transparence"
Là, pas vraiment de débat, c'est vrai, il n'y a que trop peu d'informations à son sujet. On parvient à trouver la distillerie des Philippines dont il est issu ainsi que des données relatives au traitement des fûts dans lequel il est vieilli (a priori 7 ans) mais c'est à peu près tout.
A nouveau, la législation n'oblige en rien le producteur à indiquer ce qu'il ajoute dans son rhum, ce qui fait que certains ne se privent pas.
Ce problème ne concerne malheureusement pas que ce rhum et énormément de marques profitent de cette absence de réglementations (ou pour être plus précis de la non application des règles existantes, ce qui revient certes à la même chose in fine mais ce qui veut aussi dire qu'il y a déjà des textes) pour s'en donner à cœur joie et ajouter, par exemple, beaucoup de sucre voire de glycérine pour rendre leur produit plus flatteur.
Des analyses en laboratoire ont été réalisées afin d'en savoir plus sur sa composition, elles montrent, entre autre, la présence des deux éléments cités plus haut.
D'autres analyses sont brandies par les défenseurs de la marque, la plupart travaillant pour le distributeur français, Dugas. Les résultats de celles-ci montreraient, à l'inverse, qu'aucun n'ajout de glycérol n'a été détecté.


Afin de répondre à ces arguments, les défenseurs du breuvage ne sont pas en reste et y vont leur propre plaidoyer.

"Ce rhum permet à de nombreux cavistes de vivre"
Il est indiscutable que cette boisson se vend très bien et rapporte donc aux vendeurs. De là à dire que cela les fait vivre, c'est différent - les cavistes étaient quand même là avant son apparition. Mais oui ils ne doivent pas s'en plaindre.
Peut-être là alors ? Hmmm, non toujours pas.
En revanche ce qui m’ennuie personnellement, ce sont les cavistes qui essayent de le refourguer à tout va. Quand mon oncle explique à son caviste qu'il cherche un rhum pour son neveu qui est amateur et connaisseur et que celui-ci lui sort immédiatement un Don Papa, ben je trouve que c'est du foutage de gueule.


"Ce rhum permet à de nombreuses personnes de mettre un pied dans cet univers"
C'est en partie vrai. Ce qui est sûr c'est pas mal de monde ne connait pas le rhum (ou tout autre spiritueux) ou alors l'associe à de mauvais rhums blancs, tout sauf sucrés. Du coup quand ils trempent les lèvres dans cet alcool sirupeux et très porté sur l'orange, et qu'ils voient cette bouteille si séduisante, leur cerveau ne fait qu'un tour : c'est bon.
Maintenant, j'ai moi aussi mis un pied dans le rhum par l'entremise d'un rhum sucré, l'El Dorado 12 ans et j'ai ensuite évolué au fil du temps vers autre chose. Alors oui, cela peut permettre à certains de se frotter au Rhum et c'est pas mal. Mais il y en a aussi beaucoup d'autres qui pourraient remplir la même fonction (et qui auraient une goût de rhum).


Quelques rhums de qualité. Selon mes critères en tout cas, dont certains moins chers que le Don Papa.

"S'il n'était pas bon, il n'aurait pas autant de succès"
Ça se saurait si succès était synonyme de qualité.
Le problème ici est la notion de "qualité" justement ; comment la définir ? S'agit-il principalement de la matière première utilisée, du processus d'élaboration (fermentation, distillation...), de l'utilisation la plus réduite possible de machines, de non ajouts quels qu'ils soient, du type de culture : raisonnée voire bio ou encore simplement du goût ?
Je ne vais pas me risquer à tenter de répondre à cette question mais ce que l'on peut voir c'est sa complexité et ses nombreuses ramifications. Il semble évident que choisir un unique élément pour définir la qualité est simpliste.
Dernière tentative : un chien-rat... bon tant pis.
Pour faire un parallèle - qui a ses limites - McDo a beaucoup de succès mais tout le monde s'accorde à dire qu'il ne s'agit pas de nourriture de qualité.


"La douceur de certains rhums peut provenir des fûts utilisés"
Oui, la douceur de certains rhums peut provenir des fûts utilisés (comprenez des fûts qui ont contenu précédemment un alcool qui pourrait adoucir le rhum durant son vieillissement). Mais soyons sérieux, ce n'est pas le cas ici présent. Et ce n'est d'ailleurs pas ce que disent les défenseurs du Don Papa. Ce breuvage est bien trop sucré pour que seuls les fûts utilisés expliquent ce côté liqueur.
Il est important de se poser la question : "Est-ce mal d'ajouter du sucre à un rhum ?". Je pense que la réponse est non, bien que personnellement je n'apprécie plus les rhums sucrés, qui ne sont plus à mon goût (la plupart du temps). Je pense que ce n'est pas un problème en ce sens qu'un certain public apprécie ces alcools très sucrés, mais alors il faut clairement le dire, l'indiquer, l'écrire !
Je ne pense pas être un défenseur intégriste de la transparence mais là quand même, indiquer ce qui est ingéré me semble tout simplement être du bon sens.



Je n'ai certainement pas fait le tour de la question; je n'ai que couché sur le papier les quelques pensées qui me trottaient dans la tête.

Vous aurez compris - j'imagine - que je ne suis pas un grand fan de cette marque et je pense que vous savez également que cela ne va rien changer à son succès.
Cependant, cet article me permet aussi de saluer les efforts de plus en plus nombreux d'un certain nombre d'acteurs du monde du rhum, qui tentent tant bien que mal d'encourager une plus grande transparence de la part des producteurs ainsi qu'une prise de conscience et un désir critique de la part des consommateurs.
L'écho trouvé est encore limité mais, pour le bien du Rhum, je souhaite sincèrement que producteurs et consommateurs prennent conscience de l'importance d'une plus grande clarté.


dimanche 20 décembre 2015

Ça sera le fût numéro 25.5 pour moi, merci.



Est commercialisée depuis deux jours une bouteille un peu spéciale, la cuvée issue du partenariat entre la distillerie La Favorite (de Martinique) et la Confrérie du Rhum.

A cette occasion ont eu lieu deux soirées, hier et avant-hier, chez Christian de Montaguère, ayant pour but de découvrir (déguster) cette cuvée ainsi que de rencontrer le patron de La Favorite, Franck Dormoy.

Une bonne partie de la gamme de la distillerie La Favorite

N’ayant pu m’y rendre le vendredi, j’étais content de voir qu’une soirée de rattrapage serait organisée le samedi, avec un avantage non négligeable : beaucoup moins de monde :P

Arrivé sur place, je salue Christian, rencontre un confrère avec lequel j’avais pas mal échangé par internet mais que je n’avais pas encore rencontré (salut Jonathan J) et me positionne tout proche de la table de dégustation. Après quelques minutes d’attente et l’arrivée d’autres confrères (salut Laurent et salut Sylvrine - merci pour la photo ;)), la soirée débute.

Nos convives nous parlent rapidement de ce rhum et nous expliquent qu’il s’agit du résultat de deux ans de travail, de négociations et, bien sûr, de dégustation :D Le résultat : 1000 bouteilles.

Le moment tant attendu arrive mais avant de passer aux deux échantillons de cette fameuse cuvée nous passons d’abord par le Cœur de Canne, qui est le blanc « premium » de la distillerie, puis par le Cœur de Rhum, le VSOP de la maison.

Ancien embouteillage aux reflets bleutés
Ce Cœur de Canne est pour moi un classique des rhums blancs agricoles, il fait des ti-punchs de toute beauté – sur la canne principalement mais aussi des notes fruitées et florales. Ajoutez à sa qualité, son rapport quantité/prix (environ 20€ pour un litre) et vous comprendrez que je n’ai pu repartir de la boutique sans une petite bouteille J

Le Cœur de Rhum, lui, est selon mes goûts, honorable sans pour autant trouver grâce à mes yeux.

Petit détail, qui a son importance, tout au long de la soirée, le maître des lieux nous a régalé de petits niama-niama (comme dirait ma tante), avec une terrine de canard au gingembre, des tartines de lambi, des boudins antillais et du chocolat noir de République Dominicaine. Arrivés à point nommé.

Nous arrivons au cœur de la soirée avec la dégustation des deux échantillons de cette Cuvée Spéciale 1995 ; deux car chacun issus d’un fût différent. Les bouteilles issues de deux autres fûts seront également disponibles à l’avenir. Ceux du soir sont le 25 et le 26, on commence par le premier (oui je sais ça sonne un peu con comme phrase « on commence par le premier » mais je fais ce que je veux !).

Avant de vous en dire plus, deux infos intéressantes : La Favorite pense produire prochainement un nouveau rhum blanc issu de canne rouge et explore la possibilité d'avoir des rhums d'un vieillissement entre leur Cœur de Canne et leurs très vieilles cuvées. A suivre !

La couleur, tout d’abord, est relativement foncée et attirante, entre l’ambre et le bronze.
Le nez, ensuite, est très séduisant. Il est complexe, nous offrant des arômes gourmands de caramel, de vanille, de pâte d’amande et de cerise à l’eau-de-vie. Tous ces éléments sont très bien liés les uns aux autres et l’ensemble est très équilibré et vraiment très agréable. Après quelques minutes dans le verre des notes de café apparaissent aussi. Bref, il m’a beaucoup plu !
En bouche, j’ai été un peu moins séduit, sans pouvoir vraiment mettre le doigt sur ce qui ne m’a pas emballé. Bonne surprise, malgré tout, ce n’est pas sucré (contrairement à d’autres rhums de La Favorite) ; il est assez doux mais équilibré grâce aux 45%. Le boisé est discret pour un 20 ans de vieillissement. Une discrète note salée se fait même sentir.

J'aime bien cette association de couleurs
Le fût 26 maintenant.
Un nez moins séduisant que le précédent. Il se passe moins de choses et il est moins gourmand. La différence n’est pas majeure non plus mais il m’a donné une impression moins équilibrée et moins « aboutie ».
En bouche, c’est l’inverse ! C’est celui-ci qui m’a fait la plus forte impression : plus de puissance, des saveurs plus marquées, explosives et un bois plus marqué. Bref, un rhum plus à mon goût.


En résumé deux bons rhums, chacun avec leurs qualités. Si l'un avait rassemblé le nez du 25 et la bouche du 26, j’aurais sérieusement envisagé d’en prendre une bouteille (ou plutôt un coffret, puisqu’il s’agit d’un coffret avec deux verres sérigraphiés en plus de la bouteille). Là je n’ai pas sauté le pas, 205€ tout de même.

Les avis des convives ont été partagés entre ces deux fûts et les coffrets achetés étaient de l’un ou de l’autre.



Bref, j’ai passé un bon samedi soir J


dimanche 29 novembre 2015

Une soirée italienne aux Caraïbes - partie 2


On continue notre exploration de l'éventail des rhums proposés par Velier et on arrive donc naturellement à Trinidad pour une autre exclusivité : le Caroni 17 ans.
Nous connaissions déjà le 12 ans et le 15 ans ; le premier étant très "sévère", très typé Caroni et le second plus gourmand et pas uniquement sur des arômes d'hydrocarbures, de caoutchouc et de goudron. Connaissant un peu mes goûts vous vous doutez sans doute que c'est au second que va ma préférence. Et bien ce 17 ans est plus dans la veine du 15 ans, ce qui me plait. Il était en dégustation Whisky Live, aux côtés des "fameux" single casks 2000 et je dois dire qu'il m'a peut-être plus plu que ces SC qui déchaînent les passions (des collectionneurs) !

Un line up de toute beauté !

Bon là on est à un moment de la soirée où l'ambiance est plus décontractée et on pense pouvoir rentrer chez nous après cette dernière belle bouteille.

Eh bien non ! Encore une surprise ! Et pas des moindres.
J'aimerais pouvoir retranscrire l'électricité qui a parcouru le parterre d'amateurs lorsque nous avons compris qu'une bouteille restait à déguster. Les pronostics et conjectures y sont allés bon train, certains noms ont circulé à demi-mot comme si personne n'osait trop y croire.
"Cela doit être un second Caroni, un des single cask du Whisky Live, je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre !"
- Ça ou le Millenium, tu sais le magnum à étiquette rouge.
- Peut-être mais je pense plutôt à ce Diamond 1999 nouvelle version - encore un où on ne sent pas l'alcool en dépit des watts !"
Tout le monde avait tort.

Christian revient de l'arrière-boutique avec la bouteille en question et ses tentatives pour la cacher étant veines, nous avons pu voir du vert sur la boîte. A ce moment-là, on a su ! Et l'excitation est encore montée d'un cran.
La dernière ;(

Le fameux Diamond & Versailles 1996 !
En voilà un que je n'ai pas encore dégusté (vous vous rappelez cette master class que j'ai loupée à un cheveu ?) :)
Il est bon, même s'il n'est pas évident après tant de rhums si expressifs d'en avoir une idée précise, mais étrangement, là n'est pas - le seul - intérêt de cette bouteille. En effet, c'est le dernier embouteillage d'un rhum de DLL par Velier. Il n'y en a qu'un peu plus de 500 bouteilles et Luca n'est pas sûr de savoir qu'en faire, les vendre, les garder, les ouvrir pour ce genre d'occasion, les donner à l'homme à la poussette... :D
Une fois de plus il utilise une comparaison très imagée :
"Si un soir vous rentrez chez vous et que votre femme vous dit : "C'est la dernière nuit que nous passerons ensemble.", que faites-vous ?" Et c'est un peu cette impression qu'il a avec cette bouteille : que faire ?


Il reste une chose, et pas des moindres, dont je veux vous parler : la classification des rhums que Luca (et d'autres, dont Richard Seale) essaye de faire adopter par les amateurs et les producteurs (dans la mesure du possible).

La passion qui parle !
Le rhum souffre d'un mal bien compliqué à guérir : le manque de clarté et de transparence.
La majeure partie des bouteilles ne donne pas tellement d'informations sur l'élaboration du rhum qu'elle contient, voire presque aucune.
Que cela veut-il dire ? Que le consommateur ne sait pas ce qu'il achète et ne peut donc faire la différence entre un produit de qualité et un produit purement marketing. Est-ce un problème me direz-vous, le goût d'un rhum n'est-il pas LE critère qui importe ?
Je répondrais que ce n'est pas si simple. Pour moi il est important d'avoir la possibilité de savoir ce que je bois et ce que je consomme en général. C'est exactement pareil pour la nourriture : l'origine des produits, des ajouts ou encore des exhausteurs de goût... Je veux savoir.
Une fois ces informations disponibles, je peux alors faire mon choix et si je veux, en connaissance de cause, acheter un produit retouché et pas naturel, alors c'est en effet mon choix.
La qualité et l'authenticité sont pour moi primordiales mais il est très dur de savoir ce que l'on boit. Cela devrait pourtant être facile d'avoir de telles informations, cela devrait aller de soi. Mais non.


Je ne me laverai plus jamais :D
Tout ça pour dire qu'une classification ne serait pas du luxe et que chaque initiative qui permettrait d'y voir ne serait-ce qu'un peu plus clair, serait la bienvenue.
En l'occurrence celle proposée a pour critère principal le mode l'élaboration ou plus précisément de distillation.
J'ai un peu peur de dire des bêtises mais je vais vous dire ce dont je me rappelle.
Quatre "sortes" de rhum nous sont proposées :
- Pure single rum : intégralement distillé sur pot still (alambic)
- Single blended rum : mélange (blend) de pot still et de colonne traditionnelle (plus petite au nombre de plateaux limité, comme celles utilisées aux Antilles Françaises)
- Rum : distillé sur colonne traditionnelle
- Industrial Rum : distillé sur les colonnes multiples modernes et donc tout le reste, clairement la catégorie la plus large en nombre de bouteilles.

Il y a également d'autres facteurs pris en compte, mais moins explicitement cités dans la classification Gargano, tels que la provenance de la matière première ou encore le degré d'alcool en sortie de distillation.
Espérons que cette initiative trouve écho chez les amateurs et les professionnels. En attendant, certains rhums arborent déjà fièrement leur pedigree et vous pourrez savoir quand ils sont été mis en fût, leur âge, la matière première utilisée, l'absence d'ajouts ou encore s'il y a eu filtration ou non... Privilégiez ces bouteilles qui prônent la transparence, qui n'ont rien à cacher et qui ne mentent pas (ne serait-ce que par omission).


Soyons des amateurs/consommateurs éclairés !


dimanche 22 novembre 2015

Une soirée italienne aux Caraïbes - partie 1


Samedi 7 novembre, 00h51. Un mail arrive dans ma boîte. Envoyeur : Christian de Montaguère. Objet : invitation pour une rencontre avec Luca Gargano. Réaction dans la tête de Laurent : "Tatata tata tata" (sur un air de samba).

On est parti pour passer une bonne soirée !

Je lis brièvement l'email et comprends donc qu'il y une soirée organisée dans la boutique de Christian pour rencontrer Luca Gargano, le patron de Velier (embouteilleur indépendant et importateur italien), et aussi bien plus que cela.
J'ai déjà écrit un article sur ma première rencontre avec le monsieur il y a presque un an et demi de cela, dans lequel j'avais eu du mal à ne pas laisser transparaître mon enthousiasme.
Cette fois-ci le flyer nous annonce la dégustation de clairins (ces fameux rhums blancs de pur jus de canne d'Haïti), du Libération (j'imagine le 2015), ce rhum agricole de Marie Galante élaboré sur alambic dans la distillerie Bielle avec l'aide de Gianni Capovilla, et enfin une surprise. Et moi j'aime bien les surprises, surtout quand elles ont un rapport - même éloigné - avec Velier ;)

Quand il sert il ne fait pas semblant :)
Cette fois-ci je ne fais pas mon boulet et pense à réserver ma place pour cette soirée qui s'annonce exceptionnelle.


Jeudi 12, date fatidique, je me mets en route depuis le boulot et arrive presque à l'heure sur les lieux. Je peux donc, pour une fois, assister au début de - ce qu'on pourrait appeler - la master class.

Et là... Par où commencer ?

Vous le savez, j'adore les r(h)ums by Velier ; les Demerara bien sûr, je vous l'ai suffisamment rabâché (et je ne me priverai pas d'en rajouter des couches à l'avenir ;)), mais aussi les clairins, les Caronis (de plus en plus) et les Libération. Malgré ça je vais plutôt commencer par ce qui m'a le plus marqué : Luca, ses histoires et ses projets.

Et, là aussi, par où commencer ?

Dix-huit ans, un Luca aux cheveux longs devient manager des ventes des rhums Saint James pour l'Italie et parvient à doubler les ventes, entre autre grâce à une idée révolutionnaire pour l'époque, récompenser le meilleur commercial par un voyage en Martinique (alors qu'habituellement ces voyages étaient organisés en Champagne ou du côté de Cognac, voire en Ecosse pour les plus aventureux).
C'est à cette époque qu'il découvre les Antilles... et les antillaises, sur un air de biguine :)

Quelques années plus tard, il rachète la société Velier dont il augmente le chiffre d'affaire année après année pour en faire ce que l'on connait aujourd'hui.

Sur un tabouret pour les 2 dissipés du fond
Bien sûr quelques autres étapes clefs sont à mentionner : 
- La découverte de la distillerie Caroni, que je vous ai déjà raconté, mais que je pourrais écouter encore et encore tant elle est passionnante.
- La rencontre avec Yesu Persaud, qui deviendra son mentor, voire même son père de rhum et sa prise de participation chez Demerara Distillers Limited. Ces deux éléments lui donneront accès à certains fûts d'exception et lui permettront de réaliser des embouteillages remarquables, voire légendaires (qui a dit Skeldon ?).
- Le voyage à Haïti, la découverte d'un pays hors du commun où l'agriculture n'a pour ainsi dire pas évolué depuis deux cents ans et où les produits sont au delà du bio. Bien sûr, cela est allé de pair avec la visite de très nombreuses distilleries (ou guildiveries comme on dit là-bas) - il faut savoir qu'il y en a plusieurs centaines sur l'île - et la sélection des trois clairins désormais commercialisés par Velier : Sajous, Vaval et Casimir.


Il y en a un paquet d'autres histoires et de détails truculents, qui lorsqu'ils sont racontés par ce personnage, prennent toute leur saveur. Il y a un côté one man show dans ses apparitions, qui les rendent encore plus passionnantes, vivantes, intéressantes et drôles.
Si vous avez l'occasion de voir Luca Gargano, ne manquez pas ça, même sans les rhums, ça vaut le détour ! :)



Les deux premiers d'une longue série.
Alors, et les rhums justement ? A quoi avons-nous eu droit ce soir-là ?
Eh bien, comme annoncé, on commence par un clairin. Le Sajous, du batch 3. J'ai eu l'occasion d'y goûter lors du Whisky Live et ce n'est pas mon préféré sur les trois de cette dernière fournée mais il reste très expressif et typique de ces rhums pur jus haïtiens découverts il y a environ deux ans. Un bon début de dégustation.
C'est le seul auquel nous avons eu droit ce soir-là et ce n'est pas bien grave vu la suite des hostilités.


La suite, justement avec le Libération 2015 sous ses deux versions. Je vous en ai également parlé dans mon article relatant mes aventures Whisky Liviennes. Les deux sont bons et plus boisés que leurs prédécesseurs ; ma préférence reste du côté du 2012 version intégrale (brut de fût) mais cette version plus âgée de presque trois ans se défend plutôt bien.


Tout est sur l'étiquette
Nous avons ensuite eu droit à un rhum de la Barbade.
J'avais déjà pu y tremper les lèvres il y a quelques semaines et je ne peux que confirmer que, malgré son jeune âge (même pas trois ans), il est étonnamment "abouti". Un rhum qui méritera une dégustation posée pour en apprécier pleinement les qualités !

Ce rhum fait partie de la série, à sortir, Habitation Velier, qui comprendra des rhums d'horizons différents. La Jamaïque (avec entre autre un blanc à la fermentation de 3 mois (!) ainsi que des vieux) qui produit des rhums tellement expressifs et typés, définitivement parmi mes origines préférées du rhum.
La Barbade donc, avec la distillerie Foursquare, dont le patron Richard Seal est un fervent défenseur de rhums authentiques et vierges de tout ajout. Parmi les rhums classiques de cette distillerie vous avez par exemple le RL Seales 10 ans, et sa forme de bouteille si caractéristique ; c'est pour moi un bon rapport qualité prix qui vous donnera une bonne idée des rhums de ce pays (et bien sûr un rhum sans aucun additif).
La Guyane Anglaise, avec un très intriguant Port Mourant (alambic en bois) blanc !
Et enfin Marie Galante avec l'alambic qui sert déjà à l'élaboration des rhums Libération.
Si vous voulez voir toutes ces jolies - et informatives - étiquettes, c'est par-là : http://www.velier.it/prodotti/ricerca-e-selezioni-gargano/habitation-velier

J'ai HÂTE ! :)


To be continued...


dimanche 1 novembre 2015

Salon Club Expert 2015 - La grand-messe de Dugas - Partie 2


Retour au Musée des arts forains et à son lot de nouveautés (ou rhums sur lesquels je n'avais pas eu l'occasion de m'attarder jusque-là).


On change d'océan, pour nous rendre à l'Île Maurice et découvrir Chamarel et sa production.
Cette distillerie existe depuis assez longtemps pour nous offrir depuis peu un XO, mais prenons les choses dans l'ordre et commençons par les blancs. Et oui, il y en a deux, mais vous vous en doutez, différents l'un de l'autre (sinon pourquoi en faire deux ?).
Les deux sont élaborés à partir de jus de canne, alors où est la différence ? Elle se situe principalement dans la méthode de distillation.

J'aime beaucoup le design de leurs rhums vieux.

Le Classic est distillé sur colonne et se rapproche donc des rhums agricoles auxquels nous sommes habitués, même si l'embouteillage se fait ici à 42°. Du coup, on retrouve un nez de canne, assez frais et tirant sur les agrumes (citron). En bouche la canne est toujours là, accompagnée de notes florales. Bref il est agréable.

Le Double distilled est quant à lui distillé deux fois sur un alambic charentais. Son nez est plus lourd et très intense, porté sur le poivre ; un ensemble sympathique et intéressant. En bouche, c'est toujours gras mais je trouve qu'il lui manque quelque chose. La finale sera à nouveau poivrée. Très différent du Classic, mais pas mal non plus.

Il est toujours intéressant de voir que sur deux produits partant de la même base, le vesou, on parvient à obtenir des résultats totalement différents.
Je passe sur le VSOP et les liqueurs, connaissant le premier et n'étant pas intéressé par les seconds.


Le XO maintenant, relativement récent dans la gamme (il faut bien attendre les années nécessaires :)). Il est élevé en fûts neufs de chêne français et titre 43°.
Élément important, la matière première mise en vieillissement est un mélange des deux blancs décrits plus haut. C'est à la lecture de mes notes, que je me rends compte qu'ils ont chacun leur influence sur ce XO puisqu'au nez j'ai écrit : frais, boisé et poivré. Je pense en effet que le côté frais vient du Classic alors que le côté poivré vient du Double distilled. L'attaque est souple et la finale longue et fine sur le bois et le poivre. J'aimerais le regoûter celui-ci aussi.

Petit regret sur le stand, pas de single barrel 2008 ou 2009 à déguster. En ayant entendu beaucoup de bien j'aurais bien aimé y tremper les lèvres mais ça sera pour une autre fois.


Packaging réussi, moderne et rétro à la fois.
Deux "vraies" nouveautés maintenant, du côté des rhums anglo-saxons.

Le rhum (ou plutôt rum) Whisper, un gold rum, qui nous vient d'Antigua, petite île au nord de la Guadeloupe. C'est le résultat de la collaboration entre deux étudiants qui se sont lancés il y a deux ans dans cette aventure et un maître rhumier qui est l'expert de la bande (j'espère ne pas dire de bêtise).
On connait un tout petit peu Antigua pour son rhum, avec des marques telles que Cavalier ou English Harbour ; cette dernière produisant entre autre un 25 ans d'âge qui m'avait très agréablement surpris.
Nous sommes bien évidemment sur un rhum de mélasse, qui est élevé 2 ans en fût de bourbon.
Au nez, c'est gourmand, avec des arômes d'amande, de vanille, de coco, de miel et d'orange. L'attaque en bouche est douce sans être sucrée et la finale, moyennement longue est principalement sur le bois.
L'ensemble est agréable et plutôt bien fait ; non sans rappeler certains produits issus de la distillerie Travellers de Belize. Je leur souhaite bonne chance !
N°1 ? Ça se discute :P

Nouveauté chez Angustura ensuite, le N°1, oui c'est son nom. Il s'agit d'un rhum vieux de 16 ans vieilli dans deux types de fût différents (10 ans dans l'un puis 6 ans dans l'autre), j'imagine bourbon et cognac mais je n'en suis pas sûr.
Bon, je vais mettre ça sur le dos de mon palais (oui mon palais a un dos :P) vacillant à ce moment de la journée mais je l'ai trouvé sans intérêt et très sucré pour mon goût. Je passe.



Arrive ce moment où je me dis qu'il va être temps de rentrer chez moi. Je prends donc le chemin de la sortie tout en regardant de droite et de gauche pour voir si je n'aurai pas louper quelque chose.
C'est en repassant devant le stand HSE que je vois Cyril Lawson, le directeur commercial de la marque, rencontré la semaine précédente. J'en profite donc pour le saluer et lui faire part de ma déception de ne pouvoir déguster le finition Porto ou le millésime 2003. Il me fait discrètement comprendre que si j'attends cinq minutes il se pourrait que mon verre se remplisse de quelques centilitres de ce HSE finition Porto. Me voilà soudainement patient et plus si pressé que ça de rentrer chez moi :)
Pas de photo prise mais Cyril a pu m'envoyer celle-ci :)
Pour patienter, je goûte le blanc Titouan Lamazou "La Belle Heure", version 40°. Il est bon, très marqué canne et doux. Sans doute un peu trop pour moi, et je lui préfère sa version à 50°, qui n'est, selon moi, pas reconnue à sa juste valeur.

Mais le temps passe et hop, verre rempli et dégustation imminente, merci Cyril ;)
Voilà un nez gourmand et fin, porté sur des arômes de vanille, de fruits rouges (légers), de datte avec également une note d'orange et un boisé (bois frais/vert) que j'associe souvent à rhums vieux HSE. La bouche est gourmande et sèche à la fois avec une très légère note de poudre à canon. La finale est longue et boisée avec des tanins fins. L'ensemble est d'une grande finesse. Encore une à déguster en de meilleures conditions afin de confirmer ce fort potentiel !


Voilà ce qu'il y a à retenir des rhums que j'ai dégustés en cette journée du 5 octobre 2015.

Mais ce n'est pas pour autant la fin de ce salon. En effet, alors que je reprends à nouveau de chemin de la sortie, je fais une ultime pause pour saluer deux confrères amateurs que je croise régulièrement dans ce genre d'événements ou chez les cavistes. On échange rapidement sur nos expériences et découvertes de la journée et ils me disent que je ne peux partir sans passer au stand tenu par une blonde, que l'on aperçoit de dos de là où l'on se trouve, et qui présente non pas du rhum mais du cognac.
OMG!
Je n'y connais pas grand-chose en cognac (pour ne pas dire rien du tout) mais je leur fais confiance et vais donc demander à déguster, sur leurs conseils, le XO et le Hors d'Âge.
Je sors donc de la zone réservée aux rhums et reviens dans la première partie du lieu, dédiée entre autre aux vins et aux eaux-de-vie de vin.
Me voici, de manière assez inattendue, au stand de la maison Bache Gabrielsen et commence à discuter avec la dame en question.
Elle m'explique que leur XO est un assemblage d'une moyenne d'âge de 15 ans, rien que ça. Je penche mon nez sur le verre (très généreusement servi) et suis frappé par le fruité qui s'en dégage ! Il y a du pruneau, des raisins, de la prune, le tout légèrement poivré et peu marqué par le bois. La bouche est assez douce, sur les fruits frais à nouveau mais aussi les fruits à coque. La finale est longue et marqué par la noix, ce qui me plait beaucoup. Vraiment très bon.

OMFG!!!
Elle propose ensuite de passer au Hors d'Âge, je ne dis pas non :)
Alors qu'elle remplit mon verre, elle parle de ce cognac et explique qu'il s'agit là aussi d'un assemblage dont la plus vieille eau-de-vie date de 1917 et dont la la moyenne d'âge est de 55 ans... Ah oui quand même !
Prenez le XO, gardez la fraîcheur (qui m'a fait penser au pinot gris cette fois) et le fruité mais ajoutez-y des arômes plus boisés, de tabac et de cuir avec des épices douces en prime ; ça c'est pour le nez. En bouche, nous avons les épices et les fruits alors que la vivacité est toujours présente, assez incroyable pour un spiritueux de cet âge (pour moi en tout cas). La finale, longue, alterne entre les arômes fruités et ceux plus boisés.
Absolument délicieux.

Je lui demande le prix de ces délicieusetés et elle me donne le prix pro de chacune des deux. Ce qui a fini d'enfoncer le clou : 35€ pour le XO et 110€ pour le Hors d'Âge... Bon j'imagine qu'il faut au moins ajouter 50% pour arriver au prix dans le commerce mais je me dis que je vais peut-être bien faire une petite infidélité à mon eau-de-vie préférée sur ce coup-là :D


C'est après cette expérience inattendue et plus qu'agréable que j'arrive à atteindre la sortie sans nouvelle interruption et c'est ainsi que mon récit se termine.

A l'année prochaine Salon Club Expert !

Une autre belle chose à voir au Musée des Arts Forains.

dimanche 25 octobre 2015

Salon Club Expert 2015 - La grand-messe de Dugas - Partie 1


Bonjour à tous,

La rentrée, chaque année, est définitivement très riche en événements rhumesques.
Un de ceux-ci est celui organisé par Dugas, très important distributeur de vins et spiritueux (de tous types). Ils distribuent donc bien évidemment du rhum, des rhums ; tels que les énormes succès commerciaux Don Papa et Diplomatico mais aussi des rhums agricoles des Antilles Françaises, avec des marques aussi connues que Trois Rivières pour la Martinique ou Damoiseau pour la Guadeloupe, et bien d'autres encore.
Ce salon est donc organisé par Dugas pour les professionnels du secteur (principalement les cavistes) et a pour but de faire découvrir la gamme de produits qu'ils distribuent et plus particulièrement leurs nouveautés.

Une fois de plus, le lieu choisi (avec goût) n'est autre que le Musée des Arts Forains du côté de Court Saint Emilion dans le douzième arrondissement de Paris. Il s'agit vraiment d'un très bel endroit, qui fait forte impression (même la seconde fois :)).

Niveau nouveautés, je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais en espérais le plus possible. J'avais tout de même en tête le HSE finition porto, encore jamais dégusté (par moi ^^) et déjà disponible en Martinique, ainsi que le HSE millésime 2003 que j'aurais bien goûté à nouveau après m'y être frotté une première fois au Rhum Fest en mai. J'avais aussi vu passer quelques images d'un Botran cuvée anniversaire assez intrigantes. A part ça, j'étais ouvert à toute découverte :)


Nous y voilà donc, lundi 5 octobre - pile une semaine après la journée pro du Whisky Live - en route vers ce magnifique lieu pour découvrir ou redécouvrir plein de belles choses, en tout cas j'espère.
C'est après un trajet plus long que prévu et sous une météo qui vire au pourri, que j'arrive sur place.

Nouveaux contenus, nouveaux contenants, nouvelle image. Je salue l'effort.

Après un simple "Bonjour, voilà mon ticket", je rentre, choppe un verre et pars en reconnaissance.
Je traverse la partie vins et eaux de vie de vin, pour arriver dans la zone réservée aux whiskys et rhums. Je repère rapidement les tables dédiées à mon spiritueux ainsi que les zones agricoles et les autres. Première petite déception, je ne vois pas de nouveauté chez HSE, seulement la gamme habituelle et les finitions du monde de l'année dernière :(
En revanche en passant du côté de La Mauny et Trois Rivières (même distillerie) j'aperçois plusieurs bouteilles inconnues au bataillon. Ah ! Après la pléthore de nouveautés (et le nouvel habillage) que cette marque a connu l'année dernière, je ne m'attendais pas à ce qu'ils remettent ça ^^

Commençons donc par-là.

La Mauny... Je dois avouer n'avoir jamais été un grand fan de cette maison (et ne pas très bien la connaître, ce qui est peut-être lié). Une exception à cet état de fait néanmoins, le millésime 1979, qui m'a impressionné lorsque j'ai pu le découvrir chez A'Rhum il y a des mois de ça (et je ne dis pas ça juste parce que c'est mon année de naissance ;)).

Nous avons pu voir, depuis quelques mois, un nouvel habillage pour leurs blancs habituels (40% et 50% trouvables, entre autre, en supermarchés) et ils adoptent cette nouvelle forme de bouteille pour leurs vieux.
Bref, pas mal de nouvelles choses, à commencer par leur nouveau rhum blanc mono-cépage (oui encore un !), le Ter' Rouj'. La canne en question est la zikak. Le résultat est étonnant, un rhum agricole moins typé canne ; il est plus gras, plus fruité et avec un côté floral. Voilà donc une autre facette du rhum blanc agricole, qui certes n'a pas la fraîcheur de beaucoup mais qui apporte autre chose. En bouche et sur la finale, on est sur la douceur et les fruits. Intéressant, ça commence bien. Petite précision "rigolote", la bouteille est rouge, on ne voit donc pas de prime abord qu'il s'agit d'un rhum blanc (il s'est passé un truc au marketing de chez La Mauny ;)).

On passe ensuite à leur élevé sous bois, l'Héritage 1749. Il est élevé 18 mois en foudre de chêne. Particularité de celui-ci, il s'agit d'un assemblage, puisqu'une partie est retirée du foudre après 12 mois pour être placée dans des fûts ayant contenu du Porto (je ne sais pas en quelle proportion), pour être ensuite réintégrée à l'assemblage avant d'être mis en bouteille. Bon, et alors, ça donne/apporte quoi ? Pas grand-chose :P

De bien belles choses et pas que dans les bouteilles :)
C'est le moment de faire un petit aparté sur les rhums élevés sous bois/paille/ambré... J'aime bien l'idée d'avoir un rhum (agricole) à peine marqué par le bois et qui donc, en théorie, garde plus d'intensité de la canne avec juste une légère influence du fût.
Malheureusement, et c'est tout à fait personnel, c'est juste l'idée que j'aime, puisque dans les faits je trouve souvent que le résultat ne "fonctionne pas". Je dois encore trouver l'occasion de goûter au rhum paille de chez Hardy, réputé être un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, de cette catégorie.

Passons au nouveau vieux de la marque, le Signature, vieilli trois ans. Jusque-là rien de particulièrement enthousiasmant me direz-vous. Mais attendez une peu, c'est parce que je ne vous ai pas encore tout dit ;) Il s'agit ici aussi d'un assemblage, non pas de deux, non pas de trois mais bien de quatre finitions différentes ! Franchement quand j'ai entendu le commercial m'expliquer ça lors de sa présentation, je me suis dit "what the fuck ?!". Est-ce que ce n'est pas un peu trop dans le surenchère, des fûts ayant contenu quatre alcools différents, tout ça sur un "simple" VO ? Mes soupçons se sont effacés à la dégustation de ce rhum, qui est réussi et qui en fait peut-être bien un VO de dégustation. Je ne vais pas vous mentir, sentir l'influence des quatre différentes finitions (cognac, bourbon, porto et moscatel) est compliqué mais en tout cas le résultat fonctionne bien. Le nez est gourmand et la finale est plus boisée.

On fait l'impasse sur le XO, qui n'est pas une nouveauté (même s'il se défend pas si mal :)) et on arrive sur leur nouveau haut de gamme.
Un écrin réussit, qui se démarque du reste de la gamme (et de la concurrence) de par sa forme arrondie et un nom qui fait voyager "Le Nouveau Monde" (oui décidément il s'est passé quelque chose chez La Mauny :P), voilà les deux traits marketing de cette bouteille. Maintenant, qu'y-a-t'il dedans ? C'est à nouveau un assemblage, ici de douze cuvées de quatre millésimes (dont du 1979, information que j'ai réussi à dérober ;)). Maintenant que j'y pense, je ne suis pas sûr de comprendre ce que cela veut dire "douze cuvées de quatre millésimes". Quoi qu'il en soit le résultat est plutôt intéressant. Le nez est complexe sur le bois, les épices et un côté torréfié. La bouche, qui évolue, est assez marquée bois et la finale est longue, riche et boisée là aussi. Définitivement un rhum à déguster une nouvelle fois dans de meilleures conditions. Le prix risque d'être élevé et il serait intéressant de voir si, en ce qui me concerne, le contenu le justifie gustativement.

Les trois derniers, toujours dans les nouvelles bouteilles

Enchaînons sur la marque sœur élaborée au même endroit : Trois Rivières. Là aussi je repère des nouveaux venus, à commencer par une bouteille bien mise en valeur : le rhum blanc Cuvée anniversaire 355 ans (bien évidemment à 55% :)). Très bel habillage partiellement bleuté qui fait son impression. Le contenu n'est pas mal non plus, nous sommes sur un agricole bien plus typique que le Ter' Rouj' de tout à l'heure, marqué par la canne, relativement doux (l'attaque est même très douce) et frais. La finale assez longue est surtout sur des notes florales. Bref un blanc qui se défend.
Cependant, une question demeure : s'agit-il de l'habituel 55% de la maison avec juste un nouvel habillage ou bien est-ce une cuvée différente ? Si quelqu'un a, avec certitude, la réponse, qu'il n'hésite pas !

Deux nouveaux vieux : un single cask 1999 et le millésime 2000.
Le premier est une belle nouveauté. Vieilli en fût de cognac et du haut de ses 43%, il développe au nez des notes de fruits à coque, d'orange et un boisé fin très agréable. En bouche c'est plus sec et la finale est longue sur ce bois fin et l'amande. A mon goût.
Le millésime 2000, lui, est vieilli en fût de bourbon et est fini en fût de cognac. Le nez présente des similitudes avec le single cask, avec de la vanille en plus et un ensemble plus gourmand (sans doute l'influence du bourbon). La bouche est là aussi sèche, et le devient même de plus en plus. La finale, longue, est sur le boisé et le caramel. Il est pour moi un peu en dessous du précédent, mais les deux trouveront leur public à n'en pas douter.

Un peu de Guadeloupe :)


Continuons dans nos Antilles Françaises avec un arrêt éclair en Guadeloupe pour déguster le Séverin blanc 55%, pas de nouvelle recette/cuvée, juste une nouvelle étiquette. Mais je ne l'avais encore jamais dégusté.
Le nez est très frais sur la canne, agréable. En bouche c'est étonnamment sucré, ce qui le rend atypique. La finale est sur la canne et offre quelques arômes floraux en prime.
Bref, un bon blanc, si le côté sucré ne rebute pas. Moi je me dis que ça permet de n'y ajouter qu'un zeste de citron pour le ti punch ;)



To be continued...

dimanche 18 octobre 2015

Mon Rhum Live 2015 - partie 2


Très, très bon.
Après cette mise en jambes, je suis allé faire un tour dans nos Antilles Françaises avec Neisson et Bielle.

Neisson, "petite" maison de Martinique que je commence à connaître (en tout cas leur gamme "normale"). Aussi n'ai-je voulu que m'attarder sur ce que je ne connaissais pas, à savoir, leur single cask à la jolie bouteille peinte à la main. Un nez très agréable sur le bois vert/tendre, une fraîcheur sur l'attaque qui laisse place à une bouche plus lourde et plus complexe. Malheureusement il perd un peu sur la longueur.

Téléportation au bar VIP (ouvert à tous le lundi) pour goûter au nouveau millésime 2004. N'ayant pas pris de notes, je peux simplement vous dire, qu'à mon goût, il est meilleur que le 2005, d'un rare équilibre entre le vesou et le bois du fût, très fin, très long et très gourmand. Une sacrée réussite !


Vraiment à regoûter !
Direction Marie-Galante et le stand Bielle. Je suis un peu spécial (semblerait-il) concernant Bielle : j'adore certains de leurs rhums (le 2003 sans parler du 1994) mais je ne suis pas fan de leurs millésimes en carafe, comme le 1998 par exemple.
Quoi qu'il en soit, plusieurs nouveautés à cette rentrée.
Commençons par le nouveau blanc, le Canne Grise, nouveau mono cépage sur le marché et à ma connaissance le premier utilisant cette variété. Comme les autres blancs de la maison, il est à 59°, ce que je trouve un tantinet trop élevé.
Celui-ci n'est pas très sec et n'est pas trop sur la fraîcheur, il a même un petit côté sucré en attaque bien agréable (et de légères notes saline ? A confirmer :)). Et l'alcool alors ? Il passe étonnamment bien ! Bref, pas mal du tout.

Le 2004 ensuite, une de ces "fameuses" carafes qui me laissent habituellement froid. Au nez, c'est très bien mais en bouche, son boisé ne me plait pas (comme sur les autres). La finale est longue sur le bois (oui toujours ce bois), le sucre roux  et un léger côté mentholé.

Pour moi du meilleur (à droite) au moins bon (à gauche) - je sais je suis bizarre.
On continue sur la bouteille 40ème anniversaire, un brut de fût de 2008 embouteillé à 53.4°. Là je me dis que ça va sans doute être plus mon truc, dans la veine des 2003 et 2007. Je ne me trompe pas, même si là, son vieillissement en fût de Jack Daniels l'a beaucoup marqué et cela ne plaira pas à tout le monde. Personnellement j'aime bien ses fruits à coque, sa gourmandise (relative) et la vanille apportée par le fût.

On finit avec un autre rhum disponible au bar VIP, le Bielle 2001. Ah ben en fait non, j'aurais dû m'arrêter au précédent. Je sais que je vais me mettre des gens à dos, mais il ne m'a pas plu. Je ne peux même plus vous dire pourquoi si ce n'est que ce boisé, qui ne me plait pas était encore de la partie. Bon, moi ça me va, ça me fait une bouteille chère de moins à acheter :P


Après la langouste, les grenouilles.
On reste sur Marie-Galante mais on passe chez Velier, que dis-je, dans l'UNIVERS Velier !
Et on y met un pied par ce rhum si longtemps attendu par beaucoup d'entre nous : le Libération 2015.
Vous vous en rappelez sans doute, le 2012 brut de fût est vraiment un de mes rhums favoris (je viens de terminer ma première bouteille et sa petite sœur attend patiemment :)).
J'étais vraiment ravi de pouvoir enfin découvrir ce que trois ans de plus en fût ont pu apporter à ce rhum.
Sa version réduite à 45° tout d'abord fait clairement penser au 2012. La différence principale : un bois plus présent et des arômes de fruits à coque marqués. Pas mal.
Et en brut de fût ? Les 58.4° se font sentir (même peut-être plus que sur le 2012 en version intégrale alors que ce dernier a quelques degrés de plus). Sans que ce soit tellement étonnant, il est plus... tout : explosif, puissant, intense et long.
Quant à la différence principale avec le 2012, c'est pour moi un boisé plus présent. Personnellement je pense préférer le 2012 mais c'est vraiment une affaire de goût, les deux étant très bons.


Je suis fan des clairins :)
Continuons avec les perles d'Haïti, les clairins. Voici le batch 3. Après la redistribution des cartes entre le premier et le second batch, qu'en est-il sur ce troisième ?
Sur le Sajous, on retrouve les traceurs du batch 1 avec une dominante végétale, florale et de canne. Malheureusement il n'est pas exempt d'une certaine amertume en fin de bouche qui gâche un peu le plaisir.
Le Vaval, lui, est plus "organique" sur le champignon et un léger côté iodé. Il est sec en bouche, au point de l'assécher. Moyennement long, il offre des notes de réglisse sur la finale. Bon mais pas au niveau du batch 1 pour moi.
Et le Casimir alors ? C'est le plus expressif des trois ! On retrouve la truffe caractéristique, si marquée sur le batch 1. En bouche il est explosif et expressif et la finale est intense tout en étant "sucrée". Pas aussi extrême que le premier batch mais ce n'est pas pour me déplaire. Pour moi le meilleur des trois, suivi de près par le Vaval.


Une autre sensation du salon chez Velier, ce sont les nouveaux Caroni et il y en a quatre !
J'ai d'abord commencé par le 17 ans (55°). Le nez est typé Caroni sans l'être trop ; il est également légèrement réglissé et mentholé. Une impression gourmande s'en dégage. La bouche nous dévoile un Caroni sans le moindre doute mais sans être monolithique, de plus il est (très légèrement) sucré. La finale est sur le bitume et le caoutchouc (normal) mais aussi sur des notes fumées tandis qu'après quelques instants, le sucre roux et un petit quelque chose de floral apparaissent.

Le Millénium (mis en fût en 2000 donc) est intéressant du haut de ses 60° en ce sens que c'est le plus végétal (herbes de Provence, gin) des Caroni que j'ai pu déguster. La bouche confirme cette atypicité (qui est un mot qui devrait exister :P) avec des arômes floraux (en plus de ceux des Caroni plus classiques).

Caroni et Demerara, les deux mamelles de Velier (pour l'instant)
Il nous reste donc les deux monstres, tous deux 2000 également. Le premier à "seulement" 68.4° nous offre un produit étonnamment gourmand avec un alcool bien intégré. Il m'a rappelé certains autres Caroni récents que j'aime bien. Le tabac et le mentholé sur la finale le rendent encore plus intéressant.
Attaquons-nous maintenant au 70.9°. Le premier nez n'était pas Caroni mais cela a rapidement changé ensuite et l'alcool titille le nez. Pas qu'au nez ! En bouche on a un alcool très marqué (peut-être même un peu trop pour moi). C'est le plus "Caroni" de la journée :)


On termine notre excursion chez Velier avec le Diamond 1999 - et là si vous suivez, vous vous dites "il existait déjà ce rhum". Vous n'aurez pas tort si ce n'est que cette version a plus d'alcool, 64.7°, celle précédemment sortie était à 53.1° (et n'était pas trop à mon goût). Ces degrés supplémentaires lui ont-ils fait trouver grâce à mes yeux ? Eh bien j'ai été le premier surpris à me voir répondre oui à cette question. Un nez gourmand et boisé (sans l'être autant que sa version moins puissante, ce qui était le problème principal). On reste sur les mêmes notes en bouche avec un léger côté tannique. Il m'a fait penser au Diamond 1996 (celui à 63.4%).

J'attends la suite, j'ai hâte !
Dernière étape chez Velier avec une bouteille très intrigante, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre (ainsi que ses petites copines) et qui créé un engouement assez exceptionnel.
Velier a décidé de proposer un certain nombre de bouteilles de différentes origines sous le nom d'Habitation Velier. Il devrait y en avoir  huit (pour commencer j'imagine) toutes en brut de fût, dont plusieurs jamaïcains (!), des rhums de Guyane Anglaise (dont un blanc !!) ou encore d'autres en provenance de la Barbade (de chez Foursquare). C'est d'ailleurs un de ceux-ci que j'ai pu goûter et il m'a fait une bien bonne impression.
Ajoutez à cela que les prix devraient être aux alentours de 50€ (!!!) et vous pouvez être certains que je vais faire des stocks. La date de sortie reste encore à définir précisément, je guette.


On oublie celui de droite et on garde celui de gauche !

Pour conclure, on repart en Guyane Anglaise en faisant un petit tour du côté du bar VIP, mais nous passons cette fois chez Silver Seal, autre grand embouteilleur italien de spiritueux.
L'Enmore 1986 - 21 ans - (55°) d'abord. Réglissé et torréfié ; c'est même assez intense. Intéressant mais ce n'est pas trop mon truc.
L'Enmore (oui on reste sur cette distillerie/alambic) 1977, toujours de Silver Seal, ensuite. Ses 32 années de vieillissement me faisaient craindre de me confronter à du "jus de bois". Eh bien, pas du tout ! Un monde de fruits, de douceur, de puissance, de complexité, de boisé, de longueur... Tout simplement un des meilleurs rhums qu'il m'a été donné de boire.
Seul problème : son prix :(


C'est sur bouteille exceptionnelle que mon récit s'achève. A l'année prochaine Whisky/Rhum Live !


dimanche 4 octobre 2015

Mon Rhum Live 2015 - partie 1


Voilà une rentrée chargée ! Logique, c'est la rentrée :P

Des événements chez les cavistes avec la visite des représentants des distilleries et la présentation de leurs nouveautés mais aussi des événements de plus grande échelle, avec le salon de Berlin à venir, celui de Spa en Belgique d'ici quelques jours et bien sûr, et c'est celui qui nous intéresse ici, le Whisky Live à Paris..

Devrait être exceptionnel !
Cette année ce salon aura pris ses quartiers sur les quais de Seine à la Cité de la Mode dans le 13ème arrondissement. C'est sur trois jours - deux pour le public et un réservé aux professionnels - que ce rendez-vous immanquable s'étend ; bien assez de temps pour faire le tour de tous les rhums présentés, mais sans doute pas des whiskys, ça tombe bien, c'est le rhum qui m'intéresse :)

Quand vous décidez d'aller sur un tel événement, il faut faire des choix, surtout quand le prix est aussi élevé : 70€ pour une journée (ajoutez-y 30€ de plus pour avoir un billet VIP).
Heureusement pour moi, j'ai pu avoir une place pour la journée pro, ce qui m'a permis de n'acheter qu'un seul ticket (non VIP) pour le dimanche. Deux jours ça suffit, surtout que l'offre en rhums y est nettement moins importante que pour le Rhum Fest.
Quand ils étaient encore à 45%

Autre facteur de choix dont il faut tenir compte : les master class. Certaines sont planifiées pour le samedi et d'autres pour le dimanche, s'il y en a une que vous ne voulez pas manquer (par exemple celle animée par Luca Gargano et Dave Broom - au hasard :p), alors le choix est vite fait. Comptez tout de même quelques dizaines d'euros en plus pour y assister.

Oui le w-e peut vite revenir cher si vous vous laissez emporter :)
Aaahh ces vieux agricoles millésimés...
D'autant plus que cette année aussi, un bar collector était à la disposition des visiteurs. Il vous permet de goûter à des rhums d'exception pour quelques euros. Vous avez le choix : de vieux Demerara de chez Velier, des millésimes martiniquais ou encore d'intéressantes curiosités.
Il faut savoir se contrôler ! L'année dernière j'avais pris un verre de Skeldon 1978 et je m'étais rendu compte que c'est une erreur que de vouloir le déguster sur place, on n'a pas le temps et les conditions ne sont pas les meilleures ; du coup j'avais apporté mes petits échantillons vides afin de pouvoir ramener chez moi ces rhums d'exception et prendre mon temps pour les apprécier à leur juste valeur.
Je me suis "moyennement" restreint et suis reparti avec trois samples : un Bally 1992, un Saint James 1982 et Barbancourt de la vieille époque. Ils ont rejoint ma collection d'échantillons et seront bus dans un futur plus ou moins proche.



Bref pour moi c'est dimanche et lundi.
Et avant de vous en faire le compte-rendu, je vais être obliger de vous narrer mon plus gros FAIL du salon.

Lundi : journée pro. J'ai vu sur le programme que Luca (et Dave Broom) vont refaire une matserclass à 14h30 (en plus de celle de samedi) et je compte bien y aller. Cependant je ne vois pas de méthode de réservation sur le site et je décide donc de me renseigner le matin même pour ne pas manquer ça.
Entre deux dégustations, j'essaye donc d'obtenir des infos mais Daniele ne sait pas et les quelques personnes de LMDW (La Maison du Whisky, qui organise l'événement) que je croise ne savent pas non plus. En deux mots : ça n'avance pas...
Un peu plus tard je croise une connaissance qui m'apprend que toutes les places ont déjà été réservées et qu'il n'y a donc pas moyen d'y assister. Je suis triste :(
Je me fais une raison, continue de découvrir quelques jolis rhums et puis décide de rentrer chez moi. A ce moment-là il est 14h25, lorsqu'en chemin vers la sortie je passe devant la pièce où sont organisées les master class. Il y a la queue devant (les chanceux qui ont pu avoir d'une manière ou d'une autre une place) et je me décide à aller voir les deux hôtesses à l'entrée qui vérifient les noms pour leur demander la marche à suivre afin d'avoir une place. Elles m'expliquent que l'option était disponible sur internet mais qu'il est désormais trop tard (oui je m'en doutais hein). Cependant, elles m'expliquent qu'avec les habituels désistements j'ai peut-être une chance de gratter une des dernières places. Je vais donc me positionner en fin de file d'attente et alors que la queue diminue je sens mes chances augmenter et reprends espoir.
Plus que cinq personnes devant moi, puis plus que trois, une de plus rentre. Nous ne sommes plus que trois à attendre. Je vois les hôtesses scruter la salle afin de trouver des places restantes, et elles en trouvent ! Deux...
Voilà, voilà... Dégoûté je suis et je resterai pendant quelques heures (je le suis encore un peu à vrai dire ;()

Ça, c'était la dernière étape de mon expérience Whisky Live 2015, heureusement il y en a eu un paquet d'autres avant ça et de bien meilleures.


La nouvelle tête des bouteilles de la gamme Plantation

Histoire de commencer par du "doux" qui ne marque pas trop le palais, direction Plantation et la dégustation de plusieurs bouteilles dont les quatre suivantes.
Barbados 2001 pour commencer, un rhum au nez assez prometteur, sur la vanille, les fruits confits et un léger côté poudre à canon. Le tout baigné dans une impression de douceur. En bouche, c'est plus simple et l'impression de douceur se confirme alors que la finale, assez longue, est dominée par la vanille.
Une bouteille et un oeil ;)
Le Jamaica 2001 ensuite. Je vous en ai déjà parlé (je crois) ; je le trouve bien, particulièrement pour ceux qui ne connaissent pas encore les rhums de Jamaïque et qui veulent s'y initier. En effet, il associe la typicité de cette origine à la douceur, ce qui le rend plus abordable.
Santa Lucia 2004 pour continuer. Il remplace le 2003 et il n'y a pas de révolution d'un millésime à l'autre. Il est dominé par des arômes empyreumatiques et envahit le palais instantanément dès qu'il est pris en bouche. D'une certaine manière il est encore plus marqué que son prédécesseur et son arôme fumé est encore plus présent.
Les rhums Plantation ont cet intérêt que les novices peuvent découvrirent pas mal de choses sans que ce soit un trop gros changement avec les rons d'entrée dans cet univers rhumesque. Que ce soient les arômes des rhums jamaïcains, des notes plus boisées ou encore brûlées.

Pour finir, j'ai eu le plaisir de goûter le Plantation Pineapple, ce fameux rhum infusé à l'ananas, pas disponible sur le marché européen. J'ai beaucoup entendu parler de ce rhum et c'est la première fois que j'ai pu le déguster ; sa réputation est-elle usurpée ? Eh bien non. Le nez est impressionnant d'ananas, il donne l'impression d'avoir le fruit sous le nez. La bouche est du même acabit et est plus sèche que l'on pourrait s'y attendre. Enfin, contrairement à ce que j'ai pu entendre, la finale est loin d'être courte et prolonge donc cette expérience saisissante.



On change de destination pour aller à Belize avec la compagnie aérienne Fair.
Voilà une marque intéressante à plus d'un titre : certifiée commerce équitable, aucun ajout à leurs rhums et... de bons produits :)
Ils n'ont pas beaucoup de bouteilles à leur arc et l'une des raisons à cela est qu'il est très compliqué de faire des rhums suivant les règles du fair trade. Originellement ils avaient un rhum de 5 ans de la Jamaïque (distillerie Worthy Park) et un autre de 5 ans de Belize (distillerie Travellers). Malheureusement la commercialisation du jamaïcain a dû s'arrêter car la certification commerce équitable ne pouvait plus être assurée.
Du coup, ils ont continué de proposer le 5 ans de Belize (nez assez gourmand puis sec en bouche sur la vanille, le bois et les épices) mais en ont également sorti plus récemment une version de 10 ans d'âge et enfin une 11 ans au degré alcoolique plus élevé (pas brut de fût mais à la réduction moindre).
Ce 10 ans a un nez plus complexe, plus profond (plus "grave" d'une certaine manière) et ajoute du fruit. Cette impression est confirmée en bouche et la finale est plus longue sur une vanille grasse assez plaisante.
Deux bouteilles et un cycliste :P
Le 11 ans - nouveauté sur le salon - est pour moi le meilleur des trois. L'année de vieillissement supplémentaire et ses 50.7% lui donnent un nez sec et gourmand (un côté gâteau très flatteur) ainsi que de légères notes de tabac. En bouche cette impression sèche et gourmande se confirme et c'est vraiment quelque chose que j'aime bien. La finale est longue sur le bois, les fruits à coque et la vanille. Une réussite.



________________________________________________________________________________

English version



My Rum Live 2015 - part 1


Here we go, a busy rentrée. Well, normal, it is the rentrée :p

Apart from several events at liquor stores where representatives from various distilleries are presenting their new products, we have as well events on a bigger scale; the upcoming Salon in Berlin, in a few days the one from Spa in Belgium and of course the one that is most interesting around here: the Whisky Live in Paris...
Should be exceptional!

This year the Show takes place on the banks of the Seine, at the Cité de la Mode in the 13th arrondissemnt to be more precise. The 3 days event – 2 days are open for everyone and one is reserved for professionals – leaves enough time to explore all present rhums – probably isn’t it enough to discover all whiskys, but that is none of my concern, it´s the rhum that matters here :)

If you decide to visit this event, choices are to be made, especially as it´s quite pricey; 70€ for one day (add 30€ if you´re up for a VIP ticket).
As I had the chance to get a ticket for the professional day, I was good to get just a one day pass (not VIP) for Sunday. 2 days are really enough, especially as the selection of rhum is not as rich as it´s for the Rhum Fest.
When they were still 45°
Another thing you have to keep in mind when making your ticket choice: the masterclasses.  Some are exclusively on Saturdays, others only on Sundays and if there is one you don´t wanna miss (for instacne the one lead by Luca Gargano and Dave Broom – random example :p), you're choice is an no brainer. However, count some more euros if you want to assist to a class.

Yes, the weekend budget can be reached quite fast if you get carried away :) Not helping with this issue neither is that the collectors bar is open to everyone. You have the occassion to try some exceptional rums for not that expensive... and again choices to make: the old Demerara rums from Velier, the old vintages from Martinique or even more interesting rarities... it takes a lot to actually remain in control of yourself.
Aaahh these old vintages...
Last year I took a glass of Skeldon 1978 and I realized that was a mistake to drink it right there on the spot; there is not enough time and the conditions are not the best; so this year I brang some empty little bottles to bring samples of these exceptional rums home to take my time to appreciate them the way they deserve it.

With some selfcontrol and restriction I went home with 3 little samples: a Bally 1992, a Saint James 1982 and Barbancourt from the old times. They joined my collection of samples and will be drank in a more or less near future.

However, I chose sunday and monday for my visit and before I am giving you a better insight view on my experiences and encounters, I am forced to talk about my biggest FAIL of the weekend:

Monday, Pro-Day: I saw in the programm that Luca (and Dave Broom) will do a Masterclass at 14:30 (on top of the one scheduled for Saturday) and I thought: great! Let's go!
As I didn´t see an option to sign up online, I decided to sign up the very morning for not to miss it.
Between two tastings, I tried to get some information regarding this matter but Daniele didn´t know more about it and the people I met from the LMDW (La Maison du Whisky, which is organising the event) neither... in two words (or 7): I did not really move forward here.
A bit later I met a friend who told me to my big surprise that all places were already taken and that there is no way that I can assist the masterclass. I am sad and spent 30 minutes crying in the restroom.
I pulled myself togher and continued to try some nice rums and then decided to go home. At this point it´s 14:25, on my way to the exit I am passing by the room where the masterclasses are taking place. I burst into tears. There is a queue (the lucky ones who got a place one way or another) and I decided to have a talk with the 2 hostesses that are checking the names before letting one enter the class. They are explaining that there was actually a sign up option on internet but now it´s unfortunatelly too late (well.. really?!). But: they tell me as well that there might be a chance to grab one of the last places if I queue. So, I queue and with the queue getting smaller my hopes are getting higher. And higher. And higher... 5 people before me... 3 now, another one gets in, 2 in front of me, we are 3 human beings united with big hopes. The hostess checks the room to see how many places are left and she finds some! 2! Disgusted and despaired I am the one left behind.

This was acutally my last story from the Whisky Live 2015 and luckily some good (and better) stuff happened before this final event.


The new look

I started with not too strong/marked rums in order to begin „slow“ and not to burn my palet from the start. Plantation is a good pick.
Beginning with Barbados 2001, a rhum that is rather promising in the nose, vanilla, candied fruit and a litte bit of gunpowder, all bathing in an impression of softness. In the mouth it´s more simple but the soft impression gets confirmed with a quite long finale, dominated by vanilla.
Next: Jamaica 2001. I believe I talked about it already in another article; I find it nice, especially for the people that don´t know yet the jamaican rums yet and who wanna try it. Actually, it associates the typical jamaican identity with sweetness, which creates an interesting and easy to appreciate mix.
The 3rd bottle I wanna talk about it the Santa Lucia 2004. It´s subsituting the 2003 and there is no revolution from one to the other. It´s dominated by the empyreumatic aromas and takes the palet over instantely when having it in the mouth. In a way it´s even „stronger“ than the 2003 with the smoky aroma being more present.
A bottle and an eye
The Plantation rhums are interesting for beginners because they can help them discover aromas that aren’t in the rons that are usually the stepping stone in this world.

To end this Plantation journey, I had the pleasure to try the Plantation Pineaple, the famous pineapple infused rum (unfortunately not available in europe). I heard a lot about it and it was the first time I could try it, does it deserve its reputation? Well, yes! It´s impressively pineapple in the nose; it gives you the impression you have actually the fruit under your nose. In the mouth it's the same but more dry than you could expect. Contrary to what I heard, the final is far from being short and prolongs this striking experience.


We are changing the destination and heading to Belize on the Fair airlines.
That is an interesting brand for several reasons : fair trade certified, nothing added to their rums and... good products J
They don’t have so many different bottles, one reason for that being that it is very complicated to have rums respecting the fair trade rules. Originally they were proposing a 5 year old from Jamaica (Worthy Park distillery) and a 5 year old from Belize (Travellers distillery). Unfortunately thecommercialisation of the Jamaican one had to stop because it couldn’t be fair trade anymore.
However, now they don’t only have the 5 years from Belize (tasty nose with a dry mouth on vanilla, wood and spices) but also a 10 years version as well a the just released 11 years with a higher alcohol level.
This 10 year old has a more complex nose, deeper and adds some fruit to the mix. This impression is confimed once in the mouth and the finish is longer on a pleasant on rich vanilla.

Two bottles and a bicycle
The 11 years – brand new on the Whisky Live – is, for me, the best of the three. The additional year aging and the 50.7% are giving it a tasty and dry nose (something of a cake smell) as well as light tobacco notes. On the palet, this dru-and-tasty impression is confirmed and that’s really something I like. The finish is long and marked by the cask, nuts and vanilla. Nice one!